jeudi 31 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...(VIII)


J’aimais ma maison dans la lune. Il y avait une cheminée et un jardin tout autour (je me demandais quelles fleurs poussent sur la lune ? il faudrait que je demande à Constance) et l’on pouvait prendre ses repas à l’extérieur dans mon jardin sur la lune. Les choses sur la lune brillaient et étaient multicolores. Ma petite maison serait bleue. Je regardais mes chaussures marron aller et venir et je laissais le sac de commissions se balancer à mes côtés. J’étais passée chez Stella et il me fallait maintenant passer la mairie, qui devrait être vide, à l’exception de ceux qui délivrent les permis, qui comptent les contraventions dressées à ceux qui ont traversé le village par la route de l’Etat, ceux qui envoient les factures d’eau, d’eaux usées, d’ordures ménagères ou les formulaires qui interdisent de brûler les feuilles mortes ou de pêcher. Ils seraient de toute façon tous occupés dans un coin de la mairie, en train de travailler avec zèle les uns avec les autres. Je n’avais rien à craindre d’eux tant que je ne pêchais pas en dehors de la saison de la pêche. Je m’imaginais en train d’attraper des poissons rouges quand je vis les fils Harris qui jouaient devant leur maison, en poussant des cris en compagnie d’une douzaine d’autres garçons. Je ne les avais vus que quand je suis passée au coin de la mairie. Je pouvais encore les éviter en retournant sur mes pas et passer par l’autre côté. Mais il était tard, et j’avais les courses et le chemin était boueux, et j’aurais abîmé les chaussures marron de Mère. Et je pensais que j’habitais sur la lune et me dépêchais. Ils me virent tout de suite et moi je m’efforçais de les imaginer en train d’agoniser dans d’affreuses douleurs.

« Merricat, Merricat » crièrent-ils en se rassemblant le long de la barrière.

Je me demandais si les parents leur avait appris, si Jim Donell, Joe Dunham et les sales Harris faisaient souvent répéter leurs enfants, leurs enseignaient les paroles avec patience et qu’il s’assuraient qu’ils ne chantaient pas faux, sinon comment expliquer que les enfants apprennent si vite ?




Merricat, dit Connie, veux-tu une tasse de thé ?

Oh non, dit Merricat, tu vas m’empoisonner.

Merricat, dit Connie, veux-tu aller dormir ?

Six pieds sous terre, au cimetière !




Je faisais semblant de ne pas comprendre leur langage. Sur la lune notre langue était fluide et douce, et on chantait à la lumière des étoiles, tout en contemplant le monde mort et desséché d’en bas. J’étais à mi-chemin de la clôture.




- Merricat, Merricat !

- Où est la vieille Connie ? A la maison en train de préparer le dîner ?

- Tu veux une tasse de thé ?




C’était étrange d’être ainsi en moi, marchant régulièrement le long de la clôture, posant mes pieds de manière assurée mais me dépêcher non plus, être à l’intérieur de moi pendant qu’ils me regardaient. J’étais plongée bien profondément en moi mais je pouvais les entendre et les voir du coin de l’œil. Je voulais qu’ils fussent tous étendus morts.




« Six pieds sous terre, au cimetière ! »

« Merricat ! »




Une fois que je fus passée, la mère des garçons Harry vint au porche, sans doute pour voir la raison du vacarme. Elle se tenait là depuis une bonne minute à regarder et à écouter en silence, Je me suis arrêtée et je l’ai fixée dans ses yeux sans vie. Je savais que je ne devais pas lui parler, mais je savais aussi que je ne pouvais m’en empêcher : « Vous ne pouvez pas les faire cesser ? » lui ai-je demandé ce jour là, me demandant s’il n’y avait pas quelque chose en cette femme qui pouvait l’émouvoir, me demandant si elle n’avait jamais couru avec joie dans l’herbe ou si elle n’avait jamais regardé des fleurs, ou bien si elle n’avait jamais connu le plaisir de l’amour. « Vous ne pouvez pas les faire cesser ? »

- Les enfants, dit-elle de sa voix monotone, on n’appelle pas les dames par leur nom.

- Oui, m’man, dit l’un des garçons d’un ton soumis.

- N’allez pas près de la barrière, et n’appelez pas les dames par leur nom. »

Je me remis en marche pendant qu’ils continuaient à crier et que la femme se tenait toujours sous son porche en ricanant.




Merricat, dit Connie, veux-tu une tasse de thé ?

Oh non, dit Merricat, tu vas m’empoisonner.

Que leurs langues les brûlent, comme s’ils avaient mangé du feu, que leurs gorges les brûlent quand des mots en sortent et qu’ils sentent dans leur ventre un tourment plus cruel que mille feux, pensais-je.




- Au revoir, Merricat, crièrent-ils quand j’arrivais au bout de la clôture, Ne reviens pas trop tôt.

- Au revoir Merricat, nos amitiés à Connie.

- Au revoir Merricat…




Mais j’étais arrivée à la pierre noire, et à la porte de notre domaine.

mardi 29 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...(VII)



Devant chez Stella il y avait une fissure sur le trottoir. il y avait une petite brèche, qui ressemblait à un doigt pointé ; cette petite brèche avait toujours été là. D’autres traces existaient dans la ville, comme l’empreinte de la main de Johnny Harris au bas d’un mur de la mairie, ou bien comme les initiales des garçons Mueller sur le porche de la bibliothèque. Elles dataient d’une époque dont je me souvenais parfaitement, j’étais à l’école élémentaire quand la mairie a été construite. Mais la fissure devant chez Stella avait toujours existé, tout comme Stella avait toujours existé. Je me souviens que j’ai fait du patin à roulettes sur ce trottoir et avoir toujours fait attention à cette brèche, car je pensais que cela pourrait se retourner contre Mère. Je me souviens que j’y ai fait du vélo, aussi, les cheveux au vent. Les villageois ne nous ont pas toujours ouvertement détestés, mêms si Père pensait qu’ils étaient de la racaille. Mère m’a raconté, une fois, que la fissure était déjà là quand elle était encore une fille Rochester. Et donc, cette fissure était là quand elle s’est mariée avec Père et qu’elle est allée vivre à Blackwood. Je suppose que la brèche en forme de doigt pointé était aussi là quand on a construit le village avec de vieux morceaux de bois et que l’on a ramené ces horribles habitants pour remplir ces horribles bâtisses.

Après la mort de son mari, Stella, avec l’argent de l’assurance, avait acheté un percolateur et l’avait installé sur le comptoir en marbre. C’était la seule amélioration qu’elle avait apportée à son commerce, pour autant que je m’en souvienne. Constance et moi, nous venions souvent ici après l’école, y dépenser nos pièces de monnaie en bonbons. L’après-midi, nous achetions le journal pour que Père puisse le lire le soir venu. Nous n’achetions plus de journaux maintenant, mais Stella continuait à en avoir, et des magazines aussi, et des bonbons, et des cartes postales passées de la mairie.

« Bonjour Mary Katherine. » me dit Stella quand je m’assis au comptoir et posai mes commissions au sol. Quand je souhaitais la mort de tous les villageois, j’épargnais parfois Stella, parce qu’elle était peut-être la moins méchante du village. Et elle était la seule qui gardait un peu de couleurs. Elle était ronde et rose et quand elle portait une robe à motifs, elle arrivait à la garder colorée un moment, avant de sombrer dans la grisaille ambiante, comme les autres.

- Comment vas-tu aujourd’hui ? me demanda-t’elle.

- Très bien, merci.

- Et Constance Blackwood, comment va-t-elle ?

- Très bien, merci.

- Et lui, comment va-t-il ?

- Aussi bien qu’il est possible d’aller. Un café. Noir. S’il vous plaît.

Je préférais le café avec du lait et du sucre, c’est plus agréable, mais comme je venais ici par défi, je ne m’accordais que le minimum.

Si quelqu’un d’autre arrivait et venait s’asseoir au comptoir, je pouvais filer. Mais certaines fois je n’avais pas de chance. Ce matin-là, elle venait juste de me servir mon café quand une ombre s’est découpée sur la porte de l’entrée. Stella a levé la tête et a dit : « Bonjour Jim. » Elle est allée à l’autre bout du comptoir et a attendu, espérant sans doute qu’il vienne s’asseoir en face d’elle, et que je puisse quitter les lieux sans ennui. Mais c’était Jim Donell, et depuis le début je savais que ce serait une mauvaise journée. Certains habitants ont des visages que je reconnais entre mille et que je peux détester individuellement. Jim Donell et sa femme étaient de ceux-là. Ils nous détestaient délibérément, plutôt que de nous haïr, comme les autres, de cette manière morne et neutre, par habitude en quelque sorte. La plupart des gens seraient allés rejoindre Stella, à l’autre bout du comptoir, mais Jim Donell est venu droit vers moi et s’est assis sur le tabouret à mes côtés, aussi près qu’il le pouvait parce qu’il voulait, c’était évident, me gâcher ma journée.

« On m’a dit, en me regardant de biais, que vous allez déménager. »

Je voulais qu’il ne fût pas assis aussi près de moi. Stella se rapprocha de nous, et je voulais qu’elle lui dise de se déplacer pour que je puisse quitter les lieux sans avoir à le toucher.

« On m’a dit que vous allez déménager , répéta-t-il de son ton docte.

- Non, fut ma réponse, et c’est bien parce qu’il fallait que je lui réponde.

- C’est amusant, a-t-il rajouté en regardant Stella et moi ensuite, on m’a dit que vous alliez déménager.

- Non.

- Un café, Jim ? demanda Stella.

- Qu’est-ce que tu en penses, toi, de cette histoire ? Qui pourrait bien me dire qu’ils vont bientôt déménager, alors que ce n’est pas le cas ? » Stella haussa les épaules et essaya de ne pas rire. Je remarquai que ma main déchirait la serviette en papier posée sur mes genoux, en petits morceaux. J’essayais de rester calme. J’essayais d’en tirer une leçon : être plus gentille avec Oncle Julian quand je verrai un morceau de papier.

« Comment peut-on savoir d’où viennent les rumeurs ? », dit Jim. Peut-être qu’un jour très prochain, Jim Donell allait mourir, peut-être était-il en train de pourrir de l’intérieur et que cela allait le tuer. « As-tu entendu une telle rumeur en ville ? », demanda-t-il à Stella.

« Laisse-la tranquille. » dit Stella.

Oncle Julian était un vieil homme et il était en train de mourir, et cela plus sûrement que Jim Donell, Stella ou n’importe qui d’autre. Le pauvre Oncle Julian était en train de mourir et je me suis promise d’être plus gentille avec lui. Nous ferions un pique-nique sur l’herbe. Constance apporterait son châle et le poserait sur ses épaules et je m’étendrais sur l’herbe.

« Je n’embête personne, Stell. Est-ce que je suis en train d’embêter quelqu’un ? Je suis juste en train de demander à Mary Katherine Blackwood comment ça se fait qu’au village on dise qu’elle et sa grande sœur vont s’en aller. Vont déménager. Vont aller ailleurs pour vivre. » Il tourna son café, du coin de l’œil je pouvais voir sa cuillère tourner, et tourner, et tourner, et encore tourner, et j’avais envie de rire. Il y avait quelque chose de tellement stupide dans sa façon de tourner sa cuillère dans son café tout en parlant sans cesse. Je me suis demandée s’il arrêterait de parler si je me saisissais de sa cuillère. Mais très certainement, cela ne fait aucun doute, qu’il me jetterait son café à la figure.

« Aller ailleurs. », dit-il tristement.

« Mais laisse tomber. », lança Stella.

J’écouterai Oncle Julian avec beaucoup plus d’attention quand il racontera ses histoires. Je lui rapportais des peanuts brittle, c’était un bon début.

« J’étais tout retourné à l’idée de penser que notre village allait perdre une de ses plus vieilles familles. C’était trop triste. », continua Jim. Il se retourna quand la porte s’ouvrit et que quelqu’un d’autre franchissait le seuil de la porte. Je regardais mes mains posées sur mes genoux et bien sûr, je n’allais pas me retourner pour voir qui entrait, mais Jim s’exclama « Joe », et je sus qu’il s’agissait de Joe Dunham, le charpentier. « Eh Joe, as-tu entendu parler de ça ? On dit un peu partout que les Blackwood vont s’en aller, et maintenant, Mary Katherine Blackwood, ici présente, vient juste de me dire, que ce n’était pas vrai. »

Il y eut un court silence. Je savais que Joe Dunham l’air renfrogné, regardait Jim, puis Stella, puis moi, réfléchissant à ce qu’il venait d’entendre, essayant de comprendre ce qu’il venait d’entendre et préparant sa réponse. « Et alors ? » dit-il enfin.

« Ecoutez, vous deux. », intervint Stella, mais Jim était déjà retourné et ne la laissa pas continuer. Il avait étendu ses jambes pour m’empêcher de passer. Et il continua : « Ce matin, je disais aux villageois que c’était bien triste que les vieilles familles s’en aillent. Tu pourras me dire et à juste titre, que pour les Blackwood, ils s’en sont déjà allés. » Il rigolait et tapait de la main le comptoir. « s’en sont déjà allés.» Il était content de sa blague. La cuillère dans sa tasse ne bougeait plus, mais lui, il continuait à parler. « Un village perd vraiment quelque chose quand les vieilles personnes de qualité s’en vont. Alors que n’importe qui pourrait plutôt penser, dit-il très lentement, qu’elles étaient indésirables.

- Tu as tout a fait raison, dit Dunham avec son gros rire.

- La façon dont ils vivent dans leur maison de qualité, avec leur clôture, leur chemin particulier et leur mode de vie, élégant. »

Il ne pouvait s’arrêter de parler que quand il était fatigué. Quand Jim Donell pensait à quelque chose, il fallait qu’il le dise de toutes les manières possibles. Sans doute parce qu’il était très fier d’avoir enfin une idée. De plus, il était persuadé d’être très drôle. Et il continuerait ainsi jusqu’à ce que plus personne ne l’écoute. Je décidai, que moi, je ne penserai à une chose qu’une seule fois. Je posai mes mains sur mes genoux. Et je me dis à moi-même, j’habite sur la lune et j’ai une petite maison à moi toute seule, sur la lune.

« Bon, continua Jim, qui en plus puait, je pourrai toujours raconter que j’ai bien connu les Blackwood. Ils ne m’ont jamais rien fait, autant que je sache, toujours très polis avec moi. Encore qu’ils ne m’ont jamais invité à dîner, dit-il en rigolant.

- Ca suffit maintenant, dit Stella d’une voix sèche, allez embêter quelqu’un d’autre.

- J’embête quelqu’un en disant que je n’ai jamais été invité à dîner ? Et tu penses que j’aurais accepté ?

- Moi, dit Dunham, je pourrai toujours raconter comment j’ai réparé leur marche d’escalier cassée, et comment je n’ai jamais été payé. » Ca, c’était vrai. Constance m’avait envoyé lui dire que nous ne paierions pas le prix d’un travail de charpentier, pour un simple bout de bois posé de travers quand il était supposé refaire la marche. Quand j’étais allée lui dire, il avait une horrible grimace, avait craché par terre, avait saisi son marteau, avait décloué la planche, l’avait jeté à mes pieds en me disant que nous n’avions qu’à le faire nous même. Il était remonté dans sa camionnette et s’en était allé. « Elles ne m’ont jamais payé. » disait-il maintenant.

« Elles ont oublié, c’est tout. Tu devrais y aller et parler avec Constance Blackwood et elle te donnera ton dû. Mais, Joe, si elle t’invite à dîner, sois ferme, dis non merci mademoiselle Blackwood. »

Dunham rigolait de plus belle.

« - Ca ne risque pas de m’arriver, dit-il. J’ai réparé la marche et n’ai pas été payé pour ça. »

- C’est tout de même bizarre, qu’elles fassent des travaux alors qu’elles ont l’intention de s’en aller.

- Mary Katherine, dit Stella venant du côté du comptoir où j’étais assise, tu devrais t’en aller. Tu devrais descendre de ce tabouret car il n’y aura pas de tranquillité tant que tu es là.

- Ca, c’est bien vrai, dit Jim Donell. Stella le regarda sévèrement et il replia ses jambes pour me laisser passer. Vous n’avez qu’un mot à dire, Mademoiselle Mary Katherine, et nous sommes tous là pour vous aider à faire vos paquets. Qu’un mot à dire, Merricat. »

« Et vous direz à votre sœur de ma part… » Commença à dire Dunham, mais j’étais déjà partie. Dehors je pouvais entendre leurs rire, des deux, mais aussi de Stella.

lundi 28 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...(VI)



J’avais une liste de courses pour l’épicerie, Constance m’en préparait une le mardi et le vendredi. Les gens du village détestaient le fait que nous ayons toujours assez d’argent pour payer tout ce dont nous avions besoin. Nous avions bien sûr retiré tout notre argent de la banque, et je savais qu’ils parlaient à propos de cet argent caché dans notre maison. Comme si nous avions une montagne de pièces d’or et que Constance, Oncle Julian et moi assis dans la bibliothèque nous plongions nos mains dans cet or, comptant et recomptant encore et encore les piles de pièces, tout en ricanant, bien à l’abri, de nos portes closes. J’imagine qu’il devait y en avoir des âmes rongées au village, qui convoitaient notre argent, mais ils avaient trop peur et étaient bien trop lâches, ces villageois. Quand je sortais ma liste, je sortais aussi mon porte-monnaie pour qu’Elbert sache bien que j’avais de quoi payer et qu’il ne refuse pas de me servir. Cela m’était égal de savoir qui était à l’épicerie. J’étais toujours servie la première, Elbert et son insignifiante épouse venaient toujours à moi, même s’ils étaient occupés avec quelqu’un d’autre, pour me demander tout de suite ce que je désirais. Leur fils aîné, pour les vacances, travaillait parfois à l’épicerie, mais ils s’arrangeaient toujours pour qu’il ne s’occupe pas de moi. Un jour, une petite fille, étrangère au village, s’est approchée de moi, Madame Elbert l’a tirée tellement fort que l’enfant a hurlé de peur. Tout le monde dans l’épicerie en a été pétrifié. Madame Elbert a repris son souffle au bout d’une longue minute et m’a dit : « Autre chose ? ». Je restais toujours droite et immobile quand des enfants s’approchaient de moi : ils me terrifiaient. J’avais toujours peur qu’ils aient envie de me toucher et que leur mère ne se jette sur moi comme des furies. C’est l’image que j’ai d’elles : des êtres surnaturels prêtent à se jeter sur moi, toutes griffes dehors. Aujourd’hui j’avais beaucoup de choses à acheter pour Constance et c’était une bénédiction qu’il n’y ait pas d’enfants et pas beaucoup de clientes dans le magasin. « Prenez un tour d’avance » ai-je pensé et je dis bonjour à M. Elbert.


D’un signe de tête il me répondit, mais on ne peut pas dire que mon arrivée l’enchantait : les clientes nous regardaient. Je leur tournais le dos, mais je les sentais derrière moi, à la main une boîte de conserve, un paquet de biscuits ou une laitue pommelée. Elle ne bougerait pas jusqu’à mon départ, et quand j’aurais franchi le seuil de la porte, elles reprendraient leurs discussions et leur petite vie tranquille. Madame Donell était là, quelque part, je l’avais vue en rentrant et je suis sûre qu’elle n’était là que parce qu’elle savait que je venais à l’épicerie. Elle essayait toujours de me parler, elle était une des rares à essayer de le faire.


« Un poulet à rôtir », ai-je dit à M. Elbert, et à l’autre bout du magasin, sa cupide femme a ouvert le frigidaire, a pris un poulet et l’a enveloppé. « Un petit gigot, ai-je dit, Oncle Julian a toujours envie de gigot quand arrive le printemps. » Je savais que j’aurais dû me taire, un léger murmure s’éleva dans l’épicerie. Quand je pense que j’aurais pu les faire toutes détaler comme des lapins en leur disant ce que j’ai vraiment envie de leur dire. Mais au dehors du magasin, cela ne les empêcherait pas de continuer à m’épier. « Des oignons, ai-je demandé poliment, et du café, du pain, de la farine, des noix, et puis du sucre. Nous n’avons presque plus de sucre. » Derrière moi, il y eut un ricanement et M. Elbert me jeta un regard sombre, mais il continua à me servir. Mme Elbert apporta le poulet et le gigot, empaquetés, et les mit avec les autres commissions. « Deux litres de lait, un petit pot de crème et une livre de beurre. » Les Harris avaient cessé de nous livrer en produits laitiers, il y a six ans, et j’achetais donc le lait et le beurre à l’épicerie. « Et une douzaine d’œufs. » Constance ne l’avait pas indiquée sur la liste, mais je savais qu’il n’en restait que deux à la maison. « Et un sachet de peanuts brittle. » C’était pour Oncle Julian qui allait ce soir, tout en consultant ses papiers, les mâchonner. Et il irait au lit, les doigts tout collants.


« Les Blackwood ont toujours aimé préparer à manger. » Ca, c’était Mme Donell, parlant haut pour qu’on l’entende bien à la ronde. Ce qui en fit glousser une, et une autre ne put s’empêcher de faire un bruit de bouche. Je ne me retournais jamais, c’était déjà bien assez de les savoir dans mon dos, je n’allais pas en plus croiser leurs visages grisâtres et leurs yeux haineux. Je voulais qu'elles meurent toutes, mais je me retenais de le leur dire. Constance disait toujours : « Ne leur montre jamais que leurs paroles te touchent, si tu leur montres cela va les encourager à continuer. » Elle avait sans doute raison, mais je souhaitais tout de même qu’elles meurent toutes, là, maintenant. Comme j’aurais voulu certains matins entrer dans l’épicerie, et les voir toutes, en train d’agoniser dans d’affreuses souffrances. Je me serais servie toute seule, j’aurais enjamber leurs corps, j’aurais pris tout ce que je voulais sur les étagères et je serais ressortie. Je n’aurais pas oublier de donner un coup de pied à Mme Donell, agonisante. Si cela pouvait se réaliser un jour ! « Ce n’est pas bien de les haïr, me disait Constance, cela ne fait du mal qu’à toi. » Certes, mais cela ne m’empêchait pas de les détester et je me demandais bien pourquoi on s’était donné tant de mal à les mettre au monde.


M. Elbert déposa toutes mes courses sur le comptoir et attendit, fixant un point derrière moi. « C’est tout pour aujourd’hui. » lui dis-je. Sans me regarder il fit l’addition sur un bout de papier qu’il me tendit pour que je vérifie et qu’ainsi je sois sûre qu’il ne m’avait pas volée. J’avais toujours fait un point d’honneur à vérifier son addition, même s’il ne se trompait jamais. Il y avait tellement de choses que j’aurais pu faire pour me venger, mais que je ne faisais pas. J’avais les mains pleines des courses et je devais maintenant rentrer chez moi en me débrouillant toute seule. Personne n’allait m’aider, bien sûr, même si j’en avais émis l’envie. Passez deux tours. Avec les livres de la bibliothèque et toutes mes courses, j’allais très lentement. Je devais descendre la rue, passer le General Store et aller chez Stella. Je m’arrêtai sur le seuil de l’épicerie, cherchant un moyen de me sentir vraiment en sécurité. Derrière moi les ricanements et les jacasseries commencèrent. Elles pouvaient se remettre à parler, et les Elbert pouvaient souffler au fond de leur magasin. Je me fis un masque d’indifférence. Je pensais au déjeuner que nous allions prendre dehors et je gardais mes yeux juste assez ouverts pour voir où j’allais. Je regardais fixement les chaussures marron de Mère. Je m’imaginais la nappe verte, les assiettes jaunes, les bols blancs de fraises. Je sentais les yeux des hommes se poser sur moi quand je passais, et je pensais à Oncle Julian qui aurait son œuf mollet et ses toasts. Et je rappellerai à Constance qu’il ne fait pas si chaud et qu’il faut mettre un châle sur les épaules d’Oncle Julian. Sans les regarder, je devinais leurs grimaces et leurs gesticulations. Comme je voulais qu’ils fussent tous morts. Comme je voulais marcher sur leurs cadavres. Ils ne me parlaient jamais directement, ils s’adressaient les uns aux autres. « C’est une des filles Blackwood. » Un autre de sa voix moqueuse : « Une des filles Blackwood de la terre Blackwood. », « C’est bien triste ce qui est arrivé. » Et un autre, bien assez fort pour que j’entende : « C’est bien triste pour ces pauvres filles, oui. » et ils disaient : « C’est une belle ferme cependant. Avec un beau domaine. On doit pouvoir se faire pas mal d’argent en exploitant ces terres. — A condition d’avoir un million d’années devant soi et trois têtes et de ne pas être trop exigeant sur ce qui peut y pousser. », « C’est qu’ils ont bien clôturé leur terre, les Blackwood. », « Il y a de l’argent à se faire, c’est sûr. », « Comme c’est triste ce qui est arrivé aux filles Blackwood. », « Personne ne peut dire ce qui sortira de leur terre. » Je suis en train de marcher sur leurs corps, voilà ce que j’imaginais, nous allons manger dans le jardin et Oncle Julian aura son châle. Je portais avec précaution les courses, car je me souvenais toujours de ce terrible matin où j’avais tout fait tomber : les œufs s’étaient cassés, le lait s’était répandu. J’avais essayé, comme j’avais pu de tout ramasser. J’avais remis, comme ça, les boîtes de conserve, j’avais à mains nues ramassé le sucre éparpillé et je l’avais remis en vrac dans le panier à commissions. Je m’étais forcée à ne pas m’enfuir à toutes jambes.

dimanche 27 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...(V)



Quand je faisais les courses, je m’imaginais dans un jeu pour enfants : un jeu dans lequel le plateau est divisé en petites cases, dessinant un parcours. Chaque joueur avance son pion en fonction du résultat du dé. Il y a des embûches sur le parcours : « Passez votre tour », « Reculez de quatre cases », « Retournez au point de départ ». Mais il y aussi des aides : « Avancez de trois cases », « Relancez le dé ». Mon point de départ c’était la bibliothèque et mon point d’arrivée c’était la grosse pierre noire. Je devais suivre la rue principale en la descendant par un côté et la remonter par l’autre. Quand j’atteignais la grosse pierre noire, j’avais gagné. La rue principale était vide, tout s’annonçait bien, signe d’une bonne journée qui commençait, même si c’était rare pour une matinée de printemps. Si tout se passait bien, je ferais une offrande aux dieux cléments : un bijou.

J’ai retenu mon souffle et je me suis lancée, très vite, sans regarder autour de moi. J’avais les livres à porter et le sac de commissions. Je ne regardais que mes pieds, les deux vieilles chaussures marron de Mère. Je sentais bien que quelqu’un me regardait depuis le bureau de poste – nous n’acceptons plus de courrier et n’avons pas plus le téléphone depuis six ans. C’était sûrement la vieille Dutton qui m’épiait. Elle ne le faisait jamais ouvertement, elle préférait se cacher derrière ses rideaux et ses volets. Je ne regardais pas la maison Rochester. Je ne supportais pas l’idée que Mère y fût née. Je me demandais parfois si les Harper savaient qu’ils vivaient dans la maison qui aurait dû revenir à Constance ? De toute façon il y avait toujours tellement de bruits dans leur cour qu’ils ne pouvaient pas m’entendre passer. Peut-être que les Harper faisaient du bruit pour chasser les démons, ou peut-être qu’ils étaient mélomanes. Ou peut-être était-ce tout simplement leur mode de vie : vivre dans de vieilles baignoires, prendre leurs repas dans de la vaisselle ébréchée, autour d’une carcasse de Ford en guise de table, se parler avec des porte-voix et cogner entre elles des boîtes de conserve. Il y avait toujours un nuage de poussière, là où vivaient les Harler.

Traverser la rue (Passez votre tour) était l’étape suivante, pour rejoindre l’épicerie, juste en face. J’hésitais toujours en traversant. J’étais vulnérable et exposée de ce côté-ci de la rue, et la circulation était intense. La plupart des voitures et des camions passaient par là, pour traverser le village, et on ne faisait pas attention à moi. Je reconnaissais les voitures de la région à leur conducteur au regard haineux. Je me demandais ce qui se passerait si je traversais ? Donneraient-ils un coup de volant ? Comme ça, pour le plaisir de me faire peur, pour le plaisir de me voir faire un saut de côté ? Et de derrière les volets du bureau de poste, des bancs du General Store, jailliraient des éclats de rire, se moquant de Mary Katherine Blackwood en train de s’enfuir, comme un lapin, à cause d’une voiture, comme ce serait drôle. Je perdais parfois deux ou trois tours à attendre d’être complètement sûre, que la voie soit parfaitement dégagée et pouvoir traverser. Au milieu de la rue, je quittais l’ombre et pénétrais dans la lumière du soleil trompeur d’avril. En juillet, le sol s’amollirait sous la chaleur et mes pieds seraient collants, ce qui rendrait la traversée encore plus périlleuse. Imaginez Mary Katherine Blackwood, les pieds englués dans le goudron, se recroquevillant face à une voiture en train de foncer sur elle : « Retournez à la case départ et recommencez ».

Tout le village était dans le même style, de la même époque. C’était à penser que les habitants avaient besoin de cette laideur pour se sentir bien. Les maisons et les boutiques semblaient avoir été construites à la hâte, en rapide abris à l’ennui et à la grisaille de la vie. La maison Rochester et la maison Blackwood, et même la mairie, devaient avoir été rapportées, par accident, d’un lointain pays idyllique ou les gens côtoyaient la grâce et la beauté. Ces jolies maisons avaient été sans doute capturées en punition des noirs secrets nichés dans les cœurs des Rochester et des Blackwood. Elles étaient captives du village. Le pourrissement était le signe de la méchanceté des villageois. La longue file de magasins était d’une tristesse sans nom. Leurs propriétaires habitaient au-dessus et aux fenêtres de leurs appartements les mêmes rideaux pâles et sans vie. Tout ce qui pouvait être un peu coloré perdait son charme au contact du village. Ce fléau ne venait pas des Blackwood : les villageois s’y complaisaient et c’était leur manière de vivre. Je pensais toujours à ce pourrissement quand j’arrivais à la hauteur des magasins : ce pourrissement qui dévore tout et tue à petit feu. Je souhaitais que tout le village succombe.

vendredi 25 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...(IV)



La maison Rochester était la plus belle de toute la ville, elle avait une bibliothèque en noyer, une salle de bal au deuxième étage et une véranda pleine de roses : Mère y était née et la maison aurait dû revenir à Constance. Je décidais, comme je le décidais à chaque fois, de passer devant le bureau de poste et la maison Rochester, même si je n’aimais pas cette maison dans laquelle Mère était née. Ce côté de la rue était désert ce matin et à l’ombre, et puis en sortant de l’épicerie, je serai bien forcée de passer devant le General Store, mais y passer deux fois, à l’aller et au retour, c’était bien au dessus de mes forces.

A la sortie du village, sur Hill Road, River Road ou Old Mountain, des gens comme les Clarke ou les Carrington avaient fait construire de très jolies demeures. Ils devaient cependant passer par le village pour entrer chez eux, car la rue principale est aussi la route qui traverse l’Etat. Les enfants Clarke et les garçons Carrington allaient dans des écoles privées et leur nourriture venait de la ville ou de la capitale, leur courrier était distribué par une voiture des postes. Ceux de la Mountain allaient en ville poster leurs lettres, et ceux de River Road allaient à la capitale se faire couper les cheveux.

Je m’étais toujours étonnée de ce que les villageois, qui habitent de sordides maisons, puissent saluer amicalement et respectueusement les Clarke et les Carrington quand ils étaient au volant de leurs petites voitures. Quand Helen Clarke entrait chez Elbert, l’épicier, pour y chercher de la sauce tomate ou du café que sa cuisinière avait oubliée d’acheter à la ville, tout le monde lui disait bonjour et lui parlait du si beau temps qu’il faisait. La maison des Clarke est certes plus récente que celle des Blackwood, mais elle n’est pas plus belle. Et puis Père fut le premier qui ramena un piano dans ce village. Les Carrington fabriquent du papier dans leur entreprise, mais les Blackwood sont propriétaires de la terre entre la route et la rivière. Les Sheperd de Old Mountain ont donné au village sa mairie, blanche avec une belle pelouse verte, et un canon au fronton. Il y en a même qui ont pensé qu’il fallait raser les bâtisses de Creek Road et y reconstruire des maisons à l’image de la mairie : mais cela ne s’est jamais fait. Les villageois venaient à la mairie pour y retirer leur permis de chasse ou de pêche. Et une fois par an, venaient les Carrington et les Clarke, lors du conseil municipal, pour demander que les Harler cessent de déposer leurs ordures dans la rue principale, et pour demander qu’on enlève les bancs devant le General Store. On leur riait au nez, et leur demande était écartée. Passée la mairie, à gauche, il y a la Blackwood Road qui mène à la maison. Cette route entoure nos terres et Père a délimité de manière précise d’une clôture grillagée les limites de notre propriété. Une grosse pierre noire, pas loin de la mairie d’ailleurs, indique l’entrée. Je referme toujours avec soin la grille et par les bois je rentre à la maison.

Les villageois nous ont toujours détestés.

mercredi 23 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château... (III)


Il était impossible d’être très longtemps tranquille avec Oncle Julian dans la même pièce que nous. Je ne me souviens pas que Constance ou moi ayons ouvert les livres de la bibliothèque qui sont encore, là, sur l’étagère de la cuisine.

C’était par une belle matinée d’avril, je sortais de la bibliothèque municipale, le soleil brillait et le printemps jetait ses fausses promesses un peu partout, rendant encore plus sinistre le village. Je me souviens que je me tenais sur le perron de la bibliothèque, les livres dans mes mains, et je regardais le vert des feuilles se détacher sur le bleu du ciel. Et comme à chaque fois, je me suis dit que je voulais rentrer chez moi en passant par le ciel plutôt que par cet affreux village. D’ici, je pouvais traverser la rue et aller directement à l’épicerie, mais cela voulait dire passer devant le Général Store, et ses hommes assis devant. Au village, les hommes restaient jeunes et répandaient les rumeurs, quand les femmes, vieillissantes, aigries et fatiguées, restaient à la maison à attendre leur mari. Je pouvais aussi quitter la bibliothèque, longer le trottoir jusqu’à la hauteur de l’épicerie et traverser. C’était une idée, même si cela me faisait passer devant le bureau de poste et la maison Rochester devant laquelle s’empilaient boîtes de conserve rouillées, carcasses de voitures, bidons d’essence vides, vieux matelas, tuyaux et baignoires ; que la famille Harler déposait là et – j’en suis sûre – devait aimer.

Nous qui avons toujours vécu au château... (II)



C’était un vendredi de la fin du mois d’avril. Je rapportai des livres à la bibliothèque. Le vendredi et le mardi étaient des jours terribles, car je devais aller au village. Il faut bien que quelqu’un s’y rende, au village. Constance n’allait pas plus loin que son jardin et Oncle Julian ne pouvait pas y aller. Ce n’était pas par défi ou par bravade que je m’y rendais deux fois par semaine, mais parce qu’il fallait bien que nous avions besoin de livres et de nourriture. Par contre, c’était sans doute par défi que je pénétrais chez Stella pour y prendre une tasse de café avant de rentrer, quand ce que je désirais le plus, à ce moment là, c’était de rentrer chez nous. Oui, par défi que je poussais la porte de chez Stella, car je savais qu’elle m’avait vue passer, et je ne pouvais supporter l’idée qu’elle pût penser que j’avais peur de rentrer dans son café.

- Bonjour Mary Katherine, lançait toujours Stella tout en essuyant le comptoir de son torchon humide. Comment vas-tu aujourd’hui ?

- Très bien, merci.

- Et Constance Blackwood, comment va-t-elle ?

- Très bien, merci.

- Et lui, comment va-t-il ?

- Aussi bien qu’il est possible d’aller. Un café. Noir. S’il vous plaît.

Si quelqu’un d’autre arrivait et venait s’asseoir au comptoir, je quittais immédiatement les lieux, tranquillement. Je n’avais alors qu’à dire au revoir à Stella qui me lançait irrémédiablement son « Portez-vous bien. »

Je choisissais toujours avec grand soin les livres à la bibliothèque. Bien sûr qu’il y avait des livres à la maison : deux murs du bureau de père en étaient recouverts, mais j’aimais les contes de fées et les livres d’Histoire, et Constance les livres relatifs à la cuisine. Oncle Julian, lui, n’avait jamais ouvert un livre de sa vie, mais il aimait, le soir, que Constance lise à ses côtés pendant que, lui, il classait ses papiers. Parfois il s’arrêtait et la regardait, il hochait la tête.

- Qu’est ce que tu lis, ma chérie ? Oh, quel charmant spectacle que celui d’une femme qui est en train de lire.

- Je suis en train de lire un livre qui s’appelle L’Art de la cuisine, Oncle Julian.

- Admirable.

mardi 22 décembre 2009

"tout ceci doit être considéré comme étant traduit par un personnage de roman."

Simon Melmoth avait une grande passion pour le roman We have always lived in the castle de Shirley Jackson. Il en aimait les personnages, les situations, (ou plutôt la situation), l'atmosphère. Comme lui avait dit M. un jour : "C'est vraiment un roman pour toi, avec un tel titre."
Il décida alors de traduire, de retraduire, ce roman, qui devenait : Nous qui avons toujours vécu au château. Après en avoir fait lire plusieurs pages à L., celui-ci lui dit : "Il faut vraiment continuer, même si c'est un long travail et que je regrette un peu que ce soit aux dépens de tes propres écritures. Mais à lire le début, on sent que c'est un livre que tu aurais pu écrire."

Ce sont ses tentatives de traduction qui sont ici données à lire, et tout ceci doit être considéré comme étant traduit par un personnage de roman.

lundi 21 décembre 2009

Nous qui avons toujours vécu au château...



Je m’appelle Mary Katherine Blackwood. J’ai dix-huit ans et j’habite avec ma sœur Constance. J’ai longtemps pensé que j’étais un loup-garou, à cause de mes deux doigts du milieu qui ont la même longueur, mais je dois me contenter de ce que je suis : une fille qui n’aime pas se laver, qui n’aime pas les chiens et le bruit ; qui aime sa sœur, Richard Plantagenet et l’Amanita phalloides, le champignon mortel. Le reste de ma famille est mort.

La dernière fois, j’ai jeté un coup d’œil sur les étagères de la cuisine, j’ai vu les livres de la bibliothèque – ils ont un retard de six mois – je me suis soudain demandée si je les aurais empruntés, ces livres, en sachant qu’ils seraient les derniers, posés là, sur l’étagère de la cuisine ? On bouge rarement les choses chez les Blackwood : on n'a jamais été très agités ou excités. On pactisait avec les quelques objets qu’il faut bien bouger comme les livres, les fleurs et les cuillers, mais toujours on s’arrangeait pour que tout reste en place. On reposait tout à sa place. Quand on faisait les poussières sous les tables, les chaises ou les lits, quand on enlevait la poussière des tableaux ou des lampes, quand on secouait les tapis, ensuite on remettait tout à sa place d’origine ; par exemple, le nécessaire de toilette en écaille de notre mère n’a jamais été déplacé, ne serait-ce que d’un millimètre. Les Blackwood ont toujours vécu dans cette maison et ont toujours tenu leurs affaires parfaitement en ordre. Si bien qu’à l’emménagement d’une nouvelle épouse d’un Blackwood, une place lui était trouvée sans problème pour ses affaires personnelles, et ainsi notre maison par couches successives s’agrandit-elle et put-elle faire face au monde.

samedi 19 décembre 2009

we can be heroes



Charles Olson
(1910-1970)

Ce qui ne change pas / c'est la volonté de changer

(et un petit tour : ici)

et aussi : ici

jeudi 17 décembre 2009

neige (parisienne)

Augen, weltblind, im Sterbegeklüft : Ich komm,
Hartwuchs im Herzen.
Ich komm.

Mondspiegel Steilwand. Hinab.
(Atemgeflecktes Geleucht. Strichweise Blut.
Wölkende Seele, noch einmal gestaltnah.
Zehnfingerschatten - verklammert.)

Augen weltblind,
Augen im Sterbegeklüft,
Augen Augen :

Des Schneebett unter uns beiden, das Schneebett.
Kristall um Kristall,
zeittief gejittert wir fallen,
wir fallen und liegen und fallen.

Und fallen :
Wir waren. Wir sind.
Wir sind ein Fleisch mit der Nacht.
In den Gängen, den Gängen.

Paul Celan, Schneebett - Sprachgitter, 1959

lundi 14 décembre 2009

bandit




"l'on vit en plusieurs endroits de Paris, au même moment et sans concertation, les gens tirer sur les horloges" 

mardi 8 décembre 2009

grimonprez-jooris

un Work in Progress

plus qu'intéressant à partir de, autour, dans Grimonprez Jooris, par Frédéric Ségu.

cliquez : ici.

lundi 7 décembre 2009

Survivance des lucioles



"Nous ne vivons pas dans un monde, mais entre deux mondes au moins. Le premier est inondé de lumière, le second traversé de lueurs. Au centre de la lumière, nous fait-on croire, s'agitent ceux que l'on appelle aujourd'hui, par cruelle et hollywoodienne antiphrase, les quelques people,  autrement dit les stars - les étoiles, on le sait, portent des noms de divinités - sur lesquelles nous regorgeons d'informations le plus souvent inutiles. Poudre aux yeux qui fait système avec la gloire efficace du "règne" : elle ne nous demande qu'une seule chose, et c'est de l'acclamer unanimement. Mais aux marges, c'est-à-dire à travers un territoire infiniment plus étendu, cheminent d'innombrables peuples sur lesquels nous en savons trop peu, donc pour lesquels une contre-information apparaît toujours plus nécessaire. Peuples-lucioles quand ils se retirent dans la nuit, cherchent comme ils peuvent leur liberté de mouvement, fuient les projecteurs du "règne", font l'impossible pour affirmer leurs désirs, émettrent leurs propres lueurs et les adresser aux autres." (p.133-134)

On peut lire aussi le très bon article de Pedro Babel : ici.

et la revue de presse : ici.

dimanche 6 décembre 2009

we can be heroes



« Tout ce que je dis est vrai, mais qu’importe. »

Refuser le simulacre ; refuser la théâtralité ; refuser le contenu narratif.

Ce qui insiste, ce qui résiste, ce qui persiste.

Théorème : expression d’un système formel démontrable à l’intérieur de ce système : me dit la jolie rousse au bar d’Angoisse.

Nous parler de… mais avec distance, et dans cette distance se place le vrai discours : ce qu’il y a vraiment à dire.

« Tout est vrai, mais selon une mémoire immédiate. »

Ne pas critiquer les stéréotypes, s’en servir, les analyser, les restituer. Les démonter, les remonter, les montrer.

Tout entretien est forcément fictionnel.

La pornographie se fera habillée et sera transformée en rituel, érotique, inédit, entre danse et peinture religieuse.

Aimer ce qui est dense et va vite : La Rochefoucauld et Tacite, César et sa Guerre des Gaules.

« Epanchement du songe dans la vie réelle. » (Gérard de Nerval) ; noté au crayon gris sur une fiche bristol.

Jouer avec Raymond Roussel, Raymond Queneau, Georges Perec…

Sentiment de première vue à l’égard de choses familiaires.

« Tout ce qui est dit est vrai, mais qu’importe. »

Fétichisme du dire vrai.

La disparition de toute profondeur, mais pas de la luciole. (infiniment précieuse, car porteuse de liberté, mais aussi angoissante, car toujours soumise à un péril palpable.)

Regarder la vie – toujours – qui palpite dans les silhouettes fragiles et gracieuses des jeunes filles qui passent.

« Tout ce qui est dit vrai, mais qu’importe. »

jeudi 3 décembre 2009

we can be heroes



à Gwen

« On a le souvenir des autres comme si on était leur mont-de-piété, on voudrait bien leur rendre gratis, seulement personne ne vient. »

On continuera de penser que l’on est au Cercle…

L’enfance c’était sympa, il y avait des copains et il allait jouer dans la neige. Mais : « Laisse tomber la neige ! » quand on lui dit que dans sa poésie il y a trop de « o », et que c’est un signe de faiblesse de sa langue.

… même si on n’est pas au Cercle.

« Je n’en ai rien à téter. », « … ils n’en ont rien à téter. »

Dresser une fraternité ; mais qui ne serait pas de l’affection (de la confiture). Lire c’est entrer dans une communauté :

( En lisant nous nous retirons provisoirement du monde. Lire est un acte solitaire . Lire nous oblige à nous retirer du monde. Lire c’est court-circuiter le temps établi. C’est rentrer dans un temps hors-du-temps. Lire c’est « être-en-commun », mais sans l’autre, sans sa présence physique, ni même sans connaître son existence. Un autre, à l’horizon. Pendant que nous lisons un livre, nous délimitons un espace, celui de la communauté que nous créons et que nous peuplons. Une communauté sans communauté dont les membres ne se connaissent pas, mais peuvent se reconnaître. Nous habitons aussi les communautés imaginées des autres lecteurs. Lire, c’est faire et être fait. Lire ce n’est pas simplement entrer en relation avec un livre et son auteur, c’est aussi se mettre sous le regard d’un tiers, à nous inconnu, jusqu’à ce que nous le rencontrions et que nous nous apercevions qu’il fait partie de la communauté imaginée du livre lu. Chaque livre crée sa communauté et chaque communauté se crée à partir de ses livres.)

On dira que c’est au Cercle.

Il dit : « … alors que des types comme Norman Mailer ça me fait chier. » (Par contre Raymond Carver, John Cheever, Bukowski, John Fante, Richard Brautigan et Fitzgerald, même ).

Et se demander… quand est-ce que ça commence l’histoire ?

Et au final : c’est une histoire d’amour.

On est bien au Cercle, même si ce n’est pas le Cercle.


lundi 30 novembre 2009

L'utopie, d'après Shakespeare




L’UTOPIE


Dans ma communauté, tout à rebours du monde ordinaire.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Aucun commerce, aucun titre de magistrature, aucunes sortes d’études.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Richesse, pauvreté, non ! Travailler pour les autres, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Vendre, léguer, délimiter, enclore, tailler la vigne, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Forger le métal, faire de la farine, du vin, de l’huile, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

L’oisiveté pour chacun.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Seulement regarder passer les femmes, belles, pures et innocentes, oui!

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Pas de souverain, pas de roi, pas de prince, pas d’empereur, pas de chef, pas de capitaine.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Pour le bien commun : la Nature.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Trahisons, félonies, piques, épées, dagues, pistolets, canons, guillotines, pas un seul.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

La seule Nature pourvoirait de soi-même aux besoins du peuple en son innocence.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

A gouverner si excellemment, l’Âge d’Or serait surpassée.

­— Quel ennui, quel tristesse, c’est à se planter un clou dans la tête, ton histoire.

Nous vivrons là où les noisettes pendent en grappes, nous irons chercher des œufs de mouettes des rochers du rivage…

— Que la vérole emporte ton pays, que la peste rouge t’emporte toi et tes maudites idées.

mardi 24 novembre 2009

Annonce

voici un message né de l'annonce.

vous trouverez le messages d'origine en cliquant ici.

quant au blog il est .

bonne lecture.




Complètement Bartok
...

1.
Faire revenir ;
ajouter et cuire.
mixer puis ajouter.
transvaser et réserver.
peler, mixer, passer et récuperer.
raper.
démouler, verser.
servir bien frais.
_______________
sinon presser
recommencer
connecter.


2.
Prendre un peu et diluer.
faire chauffer puis verser ;
remuer puis arrêter.
verser et ajouter sur le dessus.
servir sans attendre.
_______________
sinon déclipsez, dévissez :
retirer, remontez.
rebrancher, chauffer,
constater.

3.
Découper, réserver.
mettre à griller ;
mixer.
cuire.
servir frais tel quel ou tiède.
_______________
sinon ouvrir
sélectionnez
cliquer
indiquer.

4.
Faire chauffer ;
verser et laisser refroidir ;
mixer, assaisonner et ajouter.
servir très frais.
_______________
sinon éteindre
vérifier
dévissez
retirer, connecter
alimenter
ouvrir.

_______________________________________________
Encore beaucoup de notes à classer :

(1)
PARMI actualité magazines encyclopédie services copains boutique dictionnaire Langue française Synonymes Les thèmes Les usages Types de mots Recherche Top recherches Biographies Citations Dictionnaire Expressions Histoire Musique Inventions Noms de famille Noms propres Pratique Prénoms Proverbes Villes Actualité Argent Automobile Bricolage Cinéma Consommation Cuisine Femmes Guides d'achat High-tech Insolite Internet Juniors LivresMer et Voile Musique Nantes Nature IL Y A Paris Photo numérique Restaurant Santé Savoir Science Sport Télévision Vidéo Voyage Week-end Copains d'avant mais plus de maintenant Familles d'avant Albums-photos Vos questions vos réponses Groupes Voyages Agenda Assurances Astro / Tarot Bonnes adresses Boutique cadeau Boutique déco Boutique Musique Calculatrices Calendrier maternité Cartes de voeux Coiffure Cote Auto Cours de Bourse Jeux vidéo JDN Réseau Comparer les prix Comparatifs Covoiturage Crédit immobilier Devis Finances Devis travaux Devis services Dictionnaire Economiseurs Fonds d'écran Guides voyage Guides France Guide musées Guide des vins Horoscope Hôtels Jeux Médicaments Météo Mots croisés Photos Programme télé Pages jaunes Pages blanches Petites annonces Recettes Réservation hôtel Séances ciné Soutien scolaire Sudoku Téléchargement Test Connexion Test IMC Test QI Tirage photos Trafic Routier Webcams Week2 Wifi annuaire Flux RSS.

(2)
9 août-11 août: le typhon Etau frappe les mots
12 août : Perséides 2009, nuit des mots filants
16 août : Nouveau record du monde du 100 mètres des mots aux championnats du monde en 9.58 secondes.
21 août : dissidence de mots, sens et contre-sens, absence, condamnation et percement
22 août : police des mots, police du sens et creusement
29 août : fin du Congrès mondial acadien des mots
30 août : élections légèrement anticipées à la Chambre des représentants des mots
Portugal : fin des travaux de la première phase de prolongement de la ligne rouge du métro des mots

(3)
4 mots
7 petites lettres
Découper les mots en deux puis en lamelles sur la longueur, réserver.
Mettre les mots à griller au four pour leur retirer la peau ;
Mixer les lettres avec le mots,
Cuire à feu doux.
Prendre des bols ronds et mettre au fond quelques mots.
Servir frais tel quel en entrée ou tiède avec un coulis de gros mots en plat.

(6)
PARMI 1951-1953 : Musica Ricercata, onze pièces pour piano, tout comme un artiste, un conservateur, un écrivain, un historien ou un critique d'art adresse un regard singulier sur une oeuvre des collections du Musée national d'art moderne, un interprète ou un musicologue analyse une oeuvre musicale, choisies parmi celles de compositeurs familiers de l'Ircam. 1953 : Six Bagatelles pour quintette à vent (Arrangement de six pièces de Musica Ricercata). Les études pour piano de Ligeti marquent la fin du XXe siècle d'un sceau paradoxal. 1951-1954 : 1er Quatuor à cordes, « Métamorphoses nocturnes » Écrites pour un instrument dont l'évolution (facture, timbre, amplitude, spatialité) le situe au coeur même des recherches compositionnelles de la modernité, les études se devaient d'inventer une écriture contemporaine à partir de ses invariants incontournables: fixité des douze sons, stabilité multi-séculaire du clavier. 1957 : Glissandi, composition électronique Tout l'enjeu et la réussite du projet de Ligeti sera de tirer de ce paradoxe un "timbre pianistique" absolument singulier. 1958 : Artikulation, composition électronique Il provient sans doute de la relecture de modèles, souvent extra-européens, mais aussi issus de la tradition baroque - interaction réciproque entre les dimensions horizontales et verticales -, IL Y A Debussy ou Bartók quant à la conception formelle étroitement liée à l'altération des échelles musicales. 1961 : Atmosphères, pour grand orchestre Pour résumer ce paradoxe de la fin

(5)
Octobre :
1er octobre : Soixantième anniversaire de la proclamation des mots
2 octobre : Congrès du CIO à Copenhague (Danemark) pour désigner la ville qui organisera les mots de 2016
7 octobre : 60e anniversaire de la fondation des mots
14 octobre : Présentation du Tour de France des mots 2010.

(4)
Rappel : I. Introduction. Modéré, un peu vif. Chant d'amour 1. Modéré, lourd. Turangalîla 1. Presque lent, rêveur. Chant d'amour 2. Bien modéré. Joie du sang des étoiles. Vif, passionné, avec joie. Jardin du sommeil d'amour. Très modéré, très tendre. Turangalîla 2. Un peu vif - bien modéré. Développpement de l'amour. Bien modéré. Turangalîla 3. Bien modéré. Final. Modéré, presque vif, avec une grande joie. Messiaen. II. Opus 6. Du soir. Jouer avec beaucoup d'intériorité. Elan. Trés rapide. Pourquoi ? lent et tendre. Chimères. Avec humeur. Opus 12. 1er cahier. Avec vie. Avec intériorité. Avec humeur. Impatiemment. Simple. Très rapide (et intime). Pas vite (et avec une intensité extrême). Vif. Sur ce, Florestan s'arrêta et ses lèvres frémirent douloureusement. Avec vie. 2ème cahier. A la manière d'une ballade, très rapide. Simple. Avec humeur. Sauvage et gai. Doux et chantant. Vif. Avec bonne humeur. Comme de loin. D'une manière bien superflue, Eusebious ajouta encore ce qui suit ; mais en même temps ses yeux exprimaient l'extase. Pas vite. Schumann. III. 1903 : fa dièse majeur, ré majeur, ré bémol majeur, si bémol majeur, poème. Poème tragique. Poème satanique. Quasi alse? Poème languide, Poème fantasque. Poème d'album. poème "pasques". Poème 'Etrangeté". Poème "Vers la flamme". Scriabine. IV. Kammerkonzert. Corrente. Calmo, sostenuto. Movimento preciso e meccanico. Presto. Streichquartett n°2. Allegro nervoso. Sostenuto, molto calmo. Ligeti.

(7)
Septembre :
9 septembre : Jour symbolique des mots (09/09/2009). La succession du chiffre 9 représente Cirno, fée des jeux Touhou.
11 septembre : fin de la construction du mémorial des maux.
27 septembre : Élections législatives au Bundestag des mots.
27 septembre : Élections législatives à l'Assemblée de la République des mots
27 septembre : Sixième édition des Jeux des mots

(8)
de la modernité, rappelons la citation de Messiaen: " le piano est à la fois son propre timbre et tous les autres ". 1962 : Volumina, pour orgue Michaël Lévinas, né en 1949 à Paris, étudie au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris le piano et la composition avec Olivier Messiaen. 1962 : Aventures Les deux vocations de l'interprète et du compositeur se nourrissent l'une l'autre: lecture du répertoire allant du baroque au contemporain; souci du son et de l'exploration du timbre. 1963-1965 : Requiem En tant que pianiste, son répertoire de prédilection comprend notamment Bach, Beethoven, Schumann, Ligeti ou encore Boulez. 1966 : Concerto pour violoncelle Ses compositions, et notamment ses opéras, sont jouées par les plus grands interprètes aussi bien en France qu'à l'étranger.1966 : Nouvelles Aventures Michaël Levinas enseigne également au CNSMD de Paris. le réalisateur Stanley Kubrick utilisa plusieurs fois la musique de György Ligeti dans ses films, en particulier Atmosphères, Requiem, Lux Æterna dans 2001, l'odyssée de l'espace (« le monolithe noir ») et Musica Ricercata dans Eyes Wide Shut (le thème au piano, « comme un coup de poignard dans le cœur de Staline », d’après Ligeti [1]. Kubrick a également utilisé Lontano de Ligeti dans The Shining. 2001: l'odyssée de l'espace 11 000 000 États-Unis : 56 954 992 Monde : 120 000 000 France : 3 256 884 1968 Orange Mécanique 2 000 000 Monde : 26 589 355.

(9)
Novembre :
8 novembre : Centième anniversaire des mots de jeunesse.
9 novembre : Vingtième anniversaire de la chute des mots de Berlin.
13 novembre : Troisième passage de la sonde Rosetta près du mot pour une manœuvre d'assistance gravitationnelle.

(10)
PARMI un Film un Budget en $ des Recettes en $ [66],[67] Nb. d'entrées Date Spartacus 12 000 000 États-Unis : 30 000 000 Monde : 30 000 000 France : 3 525 328 1960 Lolita 2 100 000 Monde : 3 700 000 France : 2 000 000 1962 Docteur Folamour 1 800 000 États-Unis : 9 164 370 Monde : 12 000 000 France : 1 800 000 1964 France : 7 602 805 1971 IL Y A Barry Lyndon 11 000 000 Monde : 20 000 000 France : 3 475 185 1975 Shining 22 000 000 États-Unis : 47 000 000 Monde : 62 017 374 France : 2 359 705 1980 Full Metal Jacket 19 000 000 Monde : 46 357 676 France : 2 321 742 1987 Eyes Wide Shut 65 000 000 États-Unis : 55 691 208 Monde : 106 400 000 France : 1 660 789 1999. PUIS FINALEMENT. PARMI état du système Conditions Confidentialité À propos Aide Paris Communauté Animaux Artistes Cours Groupes Général Activités Bénévoles Covoiturage Garde d'enfant Infos locales Musiciens Perdu+trouvé Politique Événements Rencontres Relations platoniques Femme cherche femme Femme cherche homme Homme cherche femme Homme cherche homme Divers Amitié Coup de pouce au destin Polémiques Forums de discussion + de 50 1099 Aide Aliment. Amour Animaux Apple Argent Arts Assoc. Athée Autos Beauté Bon plan Cadeaux Comment. Emploi Extérieur F à F Femmes Film Forme Gay H à H Haïku Histoire Immoilier Impôts Jardin Jeux Juridique Libre exp. Loi cré Magasin Mariage Min. eth. Mort Motos Mots

(11)
PARMI Musique Ordi Ouvrir Parents People Philo Pol loc Politique Psycho R sur LT Récupérer Régime Réparer Santé Science Spirit Sports Transg Télé Voyages Végétarien Vélos blagues divorce fétichistes linux religion test vin Éco Écrivains Éduc Étiquet Immobilier Apts / Immob Bureaux / Commerces Chbres / Colloc Demande de logement Immob à vendre Locations de vacances Parking / Garage Sous-loc / Logmt temp Échange d'apts À vendre Acc.auto Bateaux Bijoux Cpg-cars Gratuit Général Livres Maison Matériaux Meubles Motos Outils Recherche Sports Tickets Troc Vélos Art + Antiq. Autos+utilit. CD/DVD/VHS Collections Enfant+bébé Entreprises Instr musique Jardin+ext. Ordinateur Photo+vidéo Vte. déménagmt Vêtements+acc antiquités appliances beauty+hlth cell phones toys+games video IL Y A gaming électronique Services Ances.PE Auto Beauté Cours Création Juridique Maison pet Érotique Financiers Immobilier Jardin+ext. Ordinateur Rédac/Éd/Trad Techniciens Thérapeutiques Trsprt/Déménagmt Voyages/Vac Événements Emploi Admin / Secrétariat Arch / Ingénierie Art / Média / Création Biotech / Science Comm / Direction Commerce de détail Compta + finance Conception Web/Infog Fonction pub. Général Immobilier Industrie Ingénieurs Internet Jurid / Parajurid Logiciel / QA / DBA Marketing / RP / Pub Médical / Santé Ressources humaines Rest./Hôtellerie Rédaction/Édition Salon / Spa / Fitness Secteur

(13)
Décembre
2 décembre : Cinquantième anniversaire de la rupture des mots à Fréjus.
4 décembre : Centenaire des Canadiens de Montréal, équipe des mots de la LNH.(Saison 2009-2010)
31 décembre : Éclipse lunaire partielle

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PARMI associatif Service clientèle Support technique Système / Réseau Sécurité TV / Film / Vidéo Techniciens / Artisans Transport Ventes / Prospection enseignement [etc.] [temps partiel] Petits boulots Divers Talent Création Ordinateur Rédaction Tournage À domicile Événements Adultes PARMI amsterdam berlin bruxelles budapest copenhague côte d'azur dublin florence londres munich oslo oxford IL Y A Paris PUIS FINALEMENTprague rome stockholm venise/vénétie Édimbourg amsterdam bangalore bangkok barcelone berlin buenos aires hong kong londres manille mexique paris rio de janeiro rome shanghai sydney tokyo zurich Paysafrique du sud allemagne argentine australie autriche bangladesh belgique brésil canada caraïbe chili chine colombie corée costa rica croatia danemark ecuador espagne finlande france gde-bretagne grèce hong kong hongrie inde indonésie irlande israël italie japon liban luxembourg malaisie mexique micronésie nlle-zélande norvège pakistan panama pays-bas philippines pologne portugal pérou russie rép. tchèque singapour suisse suède taiwan thaïlande turquie uruguay venezuela viêtnam Égypte

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PARMI Ecrire et marcheren action le présentle monde droit dans les yeuxbien en facedemander la même chose à l'écritureavec un cotéplus complexe / perversla mémoire rentre en jeula marche l'immédiatetéde la mémoirecorporelle de la mémoire mentaletrop de mémoireIL Y A évidemmentpas sélectionné les meilleurs momentsdes textes dans lesquels je sais quela guerre d'algérie dans ce dernier livreon retrouvera la mémoireil a fallut que je passe l'eautraverse le feuque je sois amoureuxtout ça lié au corpsje ne trouve pas dans mes livresou la marche en avance sur mes livresou livre en avance sur la marchele petit Venaillesdont je n'arrive pas à me débarassermais il est tardle petit de la douleur premièrece moment où on est au mondeoù ce quon voit fait peurle crilu des poèmesune manière de résisterdans les poches de treilluis (par def assez large)2 ou 3 livres de poésiepeut-être la force de ne pas sombrertenir le chocpas un commandoopérationnelmais faisions la guerremortsle cri des torturésil fallait répondrede la poésielecture de la tour du pin'la quête de joie' tenait bien dans la pocheles évènements qui m'ont formévouloir écrire pas dans la précipitationdans la vitesseobserverdécantationdans Algérie Itout ça mixéune histoire d'amourrevenir d'algérierecommancer une guerreme suis rendu compte de beaucooup de points de convergencedouleur physiqueet mentaledouleur déjà là 26/11/36 - un poète comme Venaille.

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300 ml de lettres
4 càs de mots
4 càs mots
30 gr de lettres
Prendre un peu de mot et diluer le mot ;
faire chauffer le mot avec les lettres puis verser le mot dilué ;
Remuer environ 5 mns pour épaissir puis arrêter la cuisson.
verser dans de petits bols et ajouter des graines de mots frais sur le dessus.
aussi surprenant que bienvenu par cette chaleur estivale !

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PARMI Luisance ... Lettres à soi-même ... Rue Perec ... I.Songe que sa main dans le longuement l'écrire à... Here then ... Matière première III. IL Y A Lou ... Page 76 ... Suite en sol : les tricotets Lisez-moi : Aucun rapport (2) ... Aucun rapport ... Maints détours ... Rue Mansart ... Modifier et publier ... Premier bilan de la saison estivale ... Impasse de l'Adieu ... Rue Erasme (2) ... Rue Erasme ... Rue Rambuteau (2) ... Rue Rambuteau ... les billets du mois d'août. PARMI La musique marche. Avec le très peu d'air les portes de l'amont. Où il n'y a pas de chien pas d'oiseaux cachés. Où tout se joue dans le creux. A coté. Ca parle de maîtresse - sans doute parce que l'école a fermé ses porte à l'heure du train, avec ses feux, sa fumée, sur les rails de la suie bleue. Dégage et ne dit rien le sage. L'impression qu'il m'attend. Se rebelle. Quand j'écris comme tu me photographies. IL Y A un peu à mon insu avec tes mains de Nouvelles-Angleterre. C'est encore venu l'amont. Ils ont constaté que ce n'était pas bon que rien ne peut être bon quand crisse trop le porter de la pente. toutes les lettres ne font pas des phrases. toutes les gares ne front pas des trains. Songe que sa main dans le longuement l'écrire à double tour dans ses rêves marchant ferme tu es là _ songe que son visage sans jamais trois falaises et les collines de bois les collines de pluie ses hanches ou mes collines à mains _ songe que son sourire à pas lents mon soleil vers elle _ songe que ses mots à conjuguer comme loin le port se gorge de ça.

Annonce

Lors de la création de ce blog, j'avais mis une annonce : elle proposait simplement que ce blog serve aussi à réactualiser d'anciens messages d'autres blogs. Je proposais de les publier ici. Cela se produisit deux fois :


(à lire ici)

Ma proposition tient toujours, et cela retardera d'autant plus la mort annoncée...
N'hésitez pas à me contacter.

dimanche 22 novembre 2009

Suicide d'Edouard Levé


Ils sont allongés sur le lit. Il prend Suicide et commence à lui lire les premières lignes. Il lui dit que c'est sans doute le meilleur livre qu'il ait lu depuis bien longtemps.

Il commence : " Un samedi au mois d'août, tu sors de chez toi en tenue de tennis accompagné de ta femme. Au milieu du jardin, tu lui fais remarquer que tu as oublié ta raquette à la maison. Tu retournes la chercher, mais au lieu de te diriger vers le placard de l'entrée où tu la ranges d'habitude, tu descends à la cave..."
Il lit et il s'arrête à la phrase : " Mais rien de tout cela n'existe." Elle sourit. Elle lui dit que d'habitude elle n'aime pas les textes écrits à la seconde personne, qu'elle n'aime pas ces adresses au personnage ou au lecteur, mais que là, elle aime bien. Elle dit qu'elle trouve toujours cela un peu artificiel comme procédé, mais que là, elle aime bien. Elle trouve cela beau et réussi.

"Mais rien de tout cela n'existe", non ce texte n'est pas dramatique, ce texte n'est pas une longue plainte. C'est un jeu — peut-être même un exercice de style. En tout cas, il ne faut pas y croire, car rien de tout cela n'est vrai, n'est-ce pas ?

Une vie rêvée, imaginée, inventée, à chaque page, à chaque séquence, à chaque mouvement.

"Ta vie fut une hypothèse."

Il lit ensuite la longue scène du barbecue ; les amis d'enfance retrouvés. Il lit aussi la scène de la paire de chaussures : drôle, saisissante et si triste.

Elle aime qu'il lui lise ces pages : non pas parce qu'il lit particulièrement bien, mais parce que le texte l'emporte, la saisit ; elle se laisse aller au rythme des phrases, elle se laisse emporter par le souffle si singulier de l'auteur.

Il lui lit ensuite de courtes phrases, aphorismes ou maximes :

"Tu avais par ton suicide attristé ton passé et aboli ton futur."
"En art, retirer est parfaire. Disparaître t'a figé dans une beauté négative."

 Et un passage qui trace un portrait singulier du personnage :

"Tu fumais des cigarettes américaines. Ta chambre était imprégnée de leur odeur sucrée. Te voir fumer donnait envie. Dans ta main, une cigarette était un objet d'art. Aimais-tu fumer, ou te représenter fumant ?"

Tout est comme ça, dit-il. C'est bien, n'est-ce pas ? Elle est d'accord. Elle lui dit qu'elle lui emprunte le livre, qu'elle va le lire, cet après-midi.

Bien sûr on ne peut s'empêcher de penser au suicide d'Edouard Levé en lisant ce texte, mais ce serait faire une grosse erreur que de le lire seulement pour cela, pour essayer d'y trouver les raisons de son acte. Suicide existe en dehors de celui de Levé.

"Je ne souffre pas en pensant à toi. Tu ne me manques pas. Tu es plus présent dans mon souvenir que tu ne le fus dans notre vie commune. Si tu vivais encore, tu serais peut-être devenu un étranger. Mort, tu es aussi vivant que vif."



Edouard Levé
ed. POL
(réédition en Folio le 26 novembre 2009)