lundi 30 novembre 2009

L'utopie, d'après Shakespeare




L’UTOPIE


Dans ma communauté, tout à rebours du monde ordinaire.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Aucun commerce, aucun titre de magistrature, aucunes sortes d’études.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Richesse, pauvreté, non ! Travailler pour les autres, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Vendre, léguer, délimiter, enclore, tailler la vigne, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Forger le métal, faire de la farine, du vin, de l’huile, non !

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

L’oisiveté pour chacun.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Seulement regarder passer les femmes, belles, pures et innocentes, oui!

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Pas de souverain, pas de roi, pas de prince, pas d’empereur, pas de chef, pas de capitaine.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Pour le bien commun : la Nature.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

Trahisons, félonies, piques, épées, dagues, pistolets, canons, guillotines, pas un seul.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

La seule Nature pourvoirait de soi-même aux besoins du peuple en son innocence.

— Allons donc ! Tous oisifs ! Tous putains et tous souteneurs !

A gouverner si excellemment, l’Âge d’Or serait surpassée.

­— Quel ennui, quel tristesse, c’est à se planter un clou dans la tête, ton histoire.

Nous vivrons là où les noisettes pendent en grappes, nous irons chercher des œufs de mouettes des rochers du rivage…

— Que la vérole emporte ton pays, que la peste rouge t’emporte toi et tes maudites idées.

1 commentaire:

Antonio a dit…

Eh oui, mon cher, tous fainéants : des coquines et des fripons !