mercredi 24 mars 2010

Mémoires de Simon Melmoth (III)


De ma vie, je n'aurai jamais rien su faire de particulièrement remarquable pour la gagner, ni pour la perdre.

Aujourd’hui, chacun est contraint, sous peine d’être condamné par contumace pour lèse-respectabilité, d’exercer une profession lucrative, et d’y faire preuve d’un zèle proche de l’enthousiasme. La partie adverse se contente de vivre modestement, et préfère profiter du temps ainsi gagné pour observer les autres et prendre du bon temps, mais leurs protestations ont des accents de bravade et de gasconnade. Il ne devrait pourtant pas en être ainsi. Cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de la classe dominante, a tout autant voix au chapitre que le travail.

Ce qui ne change pas, c'est la volonté de changer.


Je voulais écrire quantité de poèmes aussi simplement que l’on écrit des chansons.

C'est la raison humaine qui a renversé toutes les illusions ; mais elle en porte elle-même le deuil, afin qu'on la console. C'est simple, je n'ai pas compris ce que j’aurais dû comprendre. Je n'ai pas été de mon temps, je ne suis pas de son temps et ne le serai jamais.

Le sérieux est une qualité pour ceux qui n'en ont pas d'autres.

Faire de la citation une écriture, ce serait donc écrire sans oublier (le savoir, comme l'on sait, est au contraire destiné par essence à l'oubli; et tout lecteur tant soit peu averti ne manquerait pas de voir dans ce désir frénétique de ne rien laisser perdre, la conviction — ou du moins le soupçon — que l'essentiel s'est déjà perdu) ; je m'imagine prendre de court la mort, en me bondant d'une information toujours plus contemporaine.

Ce n'est pas le mot qui fait la guerre, c'est la mort.

Et la mort n'aura pas d'empire
Les morts nus ne feront plus qu'un



Un autre jour, je reprendrai la fin de cette histoire. Mais sachez que ces mémoires ne vous feront pas grossir du pénis.

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