lundi 8 mars 2010

la S.A.S.A. (V)

Le cas Voltaire :

L’un des adversaires les plus farouche de la S.A.S.A. fut sans aucun doute Voltaire qui, le 30 mars 1778, faillit renverser complètement l’ombre et la lumière. L’écrivain, ce jour-là, rentrait à Paris après un long exil et bravant un interdit royal, demandé d’ailleurs par la S.A.S.A., sortit dans les rues de Paris. La foule l’attendait et l’acclamait. Il se rendit chez notre pire ennemi, l’Académie Française, puis à la Comédie Française où l’on jouait une de ses horribles tragédies. Ce lundi 30 mars, on applaudit le spectacle comme jamais on applaudit au théâtre et l’auteur fut porté en triomphe jusqu’à son carrosse qui fendit une foule en délire jusqu’à son domicile. « Jamais sans doute, en aucun temps lieu ni aucun lieu, un écrivain ne jouit d’une telle consécration populaire. » puis-je lire dans les notes relatives à cet événement. Cela se répéta quelques années plus tard, en 1791, lors du transfert des cendres de Voltaire au Panthéon. Même après sa mort, Voltaire tenta de renverser la S.A.S.A. Il était le héros et le héraut des écrivains de la lumière, qui pensent que la personne est plus importante que le texte, qui pensent qu’être reconnu dans la rue est un signe de qualité.

Le cas Hugo :

Le cas Hugo fut beaucoup plus inquiétant, car il était devenu une figure. A celle-ci, la S.A.S.A en fabriqua une autre qui fit oublier la première ou qui du moins la troubla. Ce vieux monsieur à la barbe blanche était devenu une figure nationale. Cela nous était insupportable et nous ne pouvions laisser faire : alors notre président à l’époque eut une idée de génie, mais vraiment de génie. Au Père Noël qui devenait de plus en plus populaire on donna les traits de l’auteur français : ainsi Victor Hugo, vieux monsieur à la barbe blanche, avec ses petits enfants à ses côtés se confondit peu à peu avec ce brave bonhomme distributeur de cadeaux.

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