mardi 16 mars 2010

F.-Machine (II)

Eh bien ! me voilà presque sorti des bancs, me voilà sur le point de choisir un état. Car il faut être un homme utile et prendre sa part du gâteau des rois en faisant du bien à l’humanité et en s’empiffrant d’argent le plus possible.


J’ai rêvé de gloire quand j’étais tout enfant, et maintenant je n’ai même plus l’orgueil de la médiocrité.


Quant à écrire, j’y ai totalement renoncé, je suis sûr que jamais, on ne verra mon nom imprimé.


Je serai donc bouche-trou dans la société, j’y remplirai ma place.


Connaissez-vous l’ennui ? non pas cet ennui commun, banal, qui provient de la fainéantise ou de la maladie, mais cet ennui moderne qui ronge l’homme dans les entrailles et, d’un être intelligent, fait une ombre qui marche, un fantôme qui pense. Ah ! comme je vous plains si cette lèpre-là vous est connue.


J’aime par-dessus tout la phrase nerveuse, substantielle, claire, au muscle saillant : j’aime les phrases mâles et non les phrases femelles comme celles de Lamartine fort souvent (…) mes livres de chevet sont Montaigne, Rabelais, Régnier, La Bruyère et Le Sage.


J’ai dit à la vie pratique un irrévocable adieu.

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