dimanche 27 juillet 2008

Roman policier-III

Où le commissaire doit à son tour partir à la recherche d’une jeune personne et justifier ainsi sa place dans toute cette histoire.

Cette année le vendredi 13 tombera un vendredi.
Anonyme


Bien-sûr monsieur le maire… comme d’habitude… pas de problème…nous allons faire tout notre possible… pas de problème… je m’en charge… comme la dernière fois… je vous comprends ce n’est pas simple… non…cela reste entre nous…vous savez que vous pouvez me faire confiance…allez…soyez tranquille…dès que j’ai des nouvelles…oui…je vous contacte…j’ai votre numéro…toujours sur moi…je vais m’en occuper tout de suite … sans perdre de temps… je sais ce que c’est… vous savez j’ai aussi un fils… oui, monsieur le maire, il a à peu près l’âge de votre fille…non… il n’a jamais fugué… sans doute la peur de l’uniforme… oui, c’est sûr… à notre époque, tout était différent… mais maintenant… ah maintenant… ne vous inquiétez pas… tout va bien aller… bonne journée monsieur le maire… au revoir… je vous appelle… pas de problème…
Roman raccrocha, déprimé, la journée avait mal commencé et elle continuait encore plus mal. Décidément ce maire commençait à le faire suer, c’était la cinquième fois que sa fille faisait une fugue et qu’il devait la retrouver, « Vous comprenez commissaire, je ne veux pas que l’affaire s’ébruite, j’ai des pressions, des ennemis politiques qui seraient trop contents d’apprendre que ma fille s’enfuit de la maison. Je n’ai d’autre choix que de faire appel à vous, mon ami. » Le maire insistait toujours sur « mon ami », comme si c’était le cas, comme s’ils se connaissaient depuis des années, avaient fait leurs études ensemble, comme s’ils avaient été inséparables à un moment de leur vie, à croire qu’ils étaient soudés comme les doigts de la main, des mousquetaires que rien ne sépare. Ce qui ne fut jamais le cas. D’ailleurs à chaque fois il devait lui rappeler au maire qu’il avait un fils, à chaque fois il oubliait, preuve qu’il n’en avait rien à faire de lui. Mais le maire devait aimer à penser que c’était le cas, avoir cette posture amicale avec les représentants de l’ordre. Roman se demandait toujours pourquoi le maire lui faisait confiance. Il pourrait très bien tout divulguer à un opposant politique, à un journal à scandale. Mais il est vrai que la conscience professionnelle de Roman est au dessus de tout et jamais il n’aurait pensé se servir de cette affaire pour son usage personnel, et puis il aimait se sentir indispensable et chaque fois il l’avait ramenée, la fille du maire.
Il savait où elle était, et ne disait rien au père pour qu’elle continue à y aller à chacune de ses fugues, elle avait l’impression d’être protégée et en fait elle était surveillée. Ça c’était la méthode Roman, simple et efficace. Que demander de plus à un fonctionnaire de police ? 
En tant que fonctionnaire de police, je suis tenu de tirer des conclusions logiques de preuves matérielles, aimait il à répéter à qui voulait bien l’entendre. Surtout quand les preuves matérielles il les connaissait avant que l’enquête ne débute. C’était la routine, la simple routine qui l’intéressait, celle qui permet d’avancer à tout petit pas, lentement mais sûrement, fixer un objet et s’en approcher pour le saisir dans les meilleures conditions, cela demandait de l’entraînement, de l’habitude, et cela il l’avait, le commissaire.

Il téléphona chez lui, sa femme ne répondit pas, peut-être n’était-elle pas encore rentrée, peut-être, mais peut-être pas. Mais pourquoi lui avait-il pris l’idée de se rendre dans cet endroit qui n’était même pas son genre.

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