dimanche 13 juillet 2008

Richard Powers, La chambre aux échos



Peut-être est-il là le premier grand roman de l'après 11 septembre. Peut-être est-ce Richard Powers et sa Chambre aux échos qui réussit le mieux à nous dire ce qu'est devenue l'Amérique après le 11 septembre, une Amérique amnésique, qui ne reconnaît plus ses proches, qui est toute entière faite de faux-semblants, et qui est obligé de remettre en cause ce qui fait son fondement même, et sa gloire, la famille. Une Amérique qu'aucun discours rationnel et scientifique ne peut plus convaincre, et que seule la vision des oiseaux réussit à consoler et calmer. Une Amérique où tout le monde est coupable de quelque chose, une Amérique qui ne cesse de se raconter des histoires. Pour quoi, pourquoi ? pour continuer à vivre, sans doute.

Les deux précédents romans de Richard Powers publiés en France englobaient l'histoire du monde, Deux fermiers..., celle de l'Amérique et de ses problèmes raciaux, Le Temps où nous chantions, celui-ci semble plus modeste, plus resserré dans l'espace et dans le temps,mais il n'en est pas moins brillant. Un peu difficile de raconter l'histoire, si ce n'est qu'un frère, Mark, après un accident de camion, ne va plus reconnaître sa soeur, et va remettre en cause la réalité qui l'entoure. Un mystère plane sur l'accident et un étrange message laissé sur le lit d'hôpital de Mark vont servir d'intrigue. C'est à la fois mince et suffisant, car cela permet à l'auteur de vraiment analyser les liens entre les personnages, et de justifier l'arrivée du savant, spécialiste du cerveau, qui va lui aussi avoir sa vie modifiée par la rencontre avec Mark, sa soeur, et les autres personnages qui gravitent autour du malade.
Ce qui est passionnant dans ce roman, c'est la manière dont Richard Powers aborde les problèmes et maladies liées au cerveau. Ainsi vous serrez ce que sont le syndrome de Capras, la prosopagnosie, l'asomatognosie, le syndrome de Fregoli, la paramnésie réduplicative, le syndrome de Klüver-Bucy, et bien d'autres choses...

Deux citations : 

"L'homme n'était pas seulement "l'animal qui aimait à se souvenir", il était aussi celui qui tenait à se souvenir par avance"
et :
"N'importe qui peut te fausser compagnie à n'importe quel moment. Un jour tu as des parents ; le lendemain ce sont des plantes vertes"

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