lundi 17 mars 2008

Là je suis (I)bis

Là je suis Dimitri Shostakovich dans le train la « Flèche Rouge ». Je fume une cigarette.

Là je suis Arno Schmidt, j’arrose mon jardin, avec un tuyau rouge.

Là je suis William T. Vollmann, je nettoie mes fusils.

Là je suis un anonyme triestin, je garde mon secret.

Là je suis Louis-René des Forêts, sur la plage de Biarritz, j’ai vu des films maudits.

Là je suis Witold Gombrowicz, au Rex, à Buenos Aires, je regarde vers le plafond.

Là je suis Bill Evans, cigarette aux lèvres, mains derrière la tête.

Là je suis un bourreau, je dresse les bois de justice.

Là je suis Günter Grass, dans une gare, assis sur une valise.

Là je suis Olivier Cadiot, mains dans les poches, air sévère.

Là je suis Jean Echenoz, mains dans le dos, souriant.

Là je suis trois fermiers qui s’en vont au bal.

Là je suis Louis Althusser, en Grèce, dernier voyage de couple.

Là je suis Jorge Louis Borges, mains jointes sur le pommeau de la canne.

Là je suis Charles Fourier, même pas fini de dessiné.

Là je suis trois révolutionnaires.

Là je suis Robert Walser, bouche ouverte.

Là je suis Francis Scott Fitzgerald, cheveux gominés.

Là je suis Ghérasim Luca, papier en main.

Là je suis trois écrivains, sur le quai d’une gare, en train de rire.

Là je suis Jean-Paul Sartre, main sur la bouche, en train de réfléchir.

Là je suis Boris Vian avec les insignes de la Grande Gidouille.

Là je suis Bernard-Marie Koltès à Paris dans le quartier de Montmartre, polo retroussé.

Là je suis deux bohémiens, le regard perdu.

Là je suis Thomas Pynchon, invisible.

Là je suis André Malraux, perdu au milieu des photographies.

Là je suis Franz Kafka, drôle de chapeau sur la tête.

Là je suis un éditeur, fume cigarette de femme aux lèvres.

Là je suis Herman Melville, longue barbe.

Là je suis William Gass, je tiens la rambarde de l’escalier à deux mains.

Là je suis Claude Simon, à Salses, je me balance sur un rockin’chair.

Là je suis le cousin de Fragonard.

Là je suis le frère de Jean-Jacques Rousseau.

Là je suis Jack Spicer, assis de côté sur une chaise.

3 commentaires:

Gwen a dit…

La tu es Alberto Giacometti, avenue d'Alesia ou tu te proteges de la pluie.

le consul a dit…

tu as tout compris....

Chenican a dit…

là tu es autrement plus vivant que dans un portrait chinois.