samedi 5 février 2011

lecture







"Et peut être plus encore parce que face à une oeuvre d'art ou à une expérience anonyme et sans adresse qui subitement nous touche, nous énergise ou nous soulage, atteignant d'un seul coup en nous une zone d'affectivité jusque-là refoulée ou indicible, on ressent une gratitude sans bornes puisqu'il y a peut-être là une sorte d'offrande pure, sans dette puisque sans adresse, sans impudeur parce que tout sera demeuré dans le régime du musical ou de l'intransitif, sans objet, sans référent et par conséquent où rien de réel des corps organiques ou affectifs n'aura finalement eu besoin d'être nommé, disséqué, anatomisé, et ainsi nié dans son être de chair. Au contraire, face à un discours philosophique qui prétend venir nous saisir au coeur de notre sensibilité, on se sent spontanément brutalisé par les griffes du concept et on ne ressent aucune gratitude, plutôt une infinie méfiance : derrière le concept qui prétend parler de tous et de chacun, on croit toujours entendre l'écho d'un reproche, d'une volonté de faire honte ou de dominer." (p.16)

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