lundi 7 avril 2008

Regarde les anges tomber (VII)

Puis, lui-même, Simon, que personne n’appelait autrement que par son prénom.

La première fille dont il tomba follement amoureux, il la rencontra sur la chanson de Bashung, « Gaby ». En fait, pas exactement. Ils se parlèrent la première fois, parce que Simon écoutait la chanson, et elle lui demanda de changer, car elle la détestait. Elle lui expliqua qu’elle avait une amie, Gabrielle, que tout le monde appelait Gaby. Elle n’aimait pas ce diminutif, et d’ailleurs n’aimait aucun diminutif. Elle n’aimait pas que l’on raccourcisse les prénoms : elle trouvait cela ridicule et puéril. Simon était d’accord. Même si les vertiges de l’amour n’eurent pas lieu, une réelle complicité s’installa entre eux à partir de ce jour là, jusqu’à la fin de la terminale. Il lui offrit un exemplaire des Poésies de Rimbaud, une fois où elle devait séjourner à l’hôpital pour une opération bénigne : se faire arracher deux dents de sagesse. Ce fut le premier cadeau qu’il fit à une fille, ce fut le premier cadeau qu’il fit en dehors d’un anniversaire.
Puis chacun suivit sa voie.


Puis il y eut celles qu’il vit passer, comme des anges. Des filles qui semblaient s’évaporer dans les brumes de la vie, insaisissables : et là il pourrait en faire une longue liste, de toutes celles qu’il aima en secret, qu’il vit passer devant ses yeux sans pouvoir les toucher, sans pouvoir même les approcher, comme ces anges qui tombent du ciel.

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