mardi 13 septembre 2011

La Reine des Neiges-1


Tu es si beau pour moi à la lueur de la neige
Je te choisis pour l’élu de mon cœur,
Viens, suis-moi bien haut sur mon île flottante,
Par-dessus mont et mer

Mais c’est qui cette putain de Reine des Neiges ?


PREMIERE HISTOIRE
QUI TRAITE D'UN MIROIR ET DE SES MORCEAUX
Voilà ! Nous commençons. Nous commençons et nous avançons.
Voilà ! On commence. Ou plutôt ça commence. Comme dans un film sur écran blanc. Projection. À l’heure. Ça commence à l’heure. Nous commençons à l’heure. C’est parti. En avant. À la fin on en saura plus qu’au début. Si on relit, si on revoit, on saura alors la fin, déjà, avant. Mais là on commence, et le diable seul sait la fin. Le diable seul peut nous donner la fin. Le diable sera là à la fin et nous regardera avec un petit sourire sarcastique. Car lui, il sait comment tout va terminer, comment tout va se terminer. Car lui, seul, sait comment ça va se terminer.
L’histoire va se déployer, va se dérouler, pour vous, devant vos yeux. Et lorsque nous serons à la fin de l'histoire, nous en saurons plus que maintenant. Maintenant que nous sommes au début de l’histoire, qu’elle n’a pas encore commencé, l’histoire, c’est juste un prologue, histoire de retarder un peu l’histoire. Une histoire qui ne commence pas avec n’importe qui d’ailleurs, une histoire qui commence avec un personnage hors du commun, un vrai personnage singulier : un sorcier, un vrai, un troll, un diable, le «Diable» en personne. Celui qui sait la fin, la fin de l’histoire et qui rit et de se voir si beau en ce miroir, et d’en savoir la fin, de l’histoire.

Un jour, le diable, le sorcier, le troll, lui même, en personne, était de fort bonne humeur : il avait fabriqué un miroir dont la particularité était que le Bien et le Beau en se réfléchissant en lui se réduisaient à presque rien, mais que tout ce qui ne valait rien, tout ce qui était mauvais, apparaissait nettement et empirait encore. Les plus beaux paysages y devenaient des épinards cuits (je dis épinards cuits, mais on peut penser à un autre légume, qui cuit, n’est pas beau – et je dis aussi épinards, car je pense à  mon frère qui n'aime pas les épinards et c'est heureux pour mon frère, car s'il les aimait, il en mangerait et il ne peut pas les supporter, il est de nature studieuse ). Les plus jolies personnes y semblaient laides à faire peur, ou bien elles se tenaient sur la tête et n'avaient pas de ventre, les visages étaient si déformés qu'ils n'étaient pas reconnaissables, et si l'on avait une tache de rousseur (ou un bouton ou une verrue ou un furoncle), c'est toute la figure (le nez, la bouche) qui était criblée de son, (ou de boutons, de verrues, de furoncles). Le diable, le sorcier, le troll trouvait ça très amusant. Lorsqu'une pensée bonne et pieuse passait dans le cerveau d'un homme, la glace ricanait et le diable, le sorcier, le troll riait de sa prodigieuse invention. Il riait à en perdre haleine – malodorante, disait-on. Tous ceux qui allaient à l'école des sorciers, des diables, des trolls - car il avait créé une école de sorciers, de diables, de trolls - racontaient à la ronde que c'est un miracle qu'il avait accompli là. Pour la première fois, disaient-ils, on voyait comment la terre et les êtres humains sont réellement. Ils couraient de tous côtés avec leur miroir et bientôt il n'y eut pas un pays, pas une personne qui n'eussent été déformés là-dedans. Alors, ces apprentis sorciers, diables, trolls voulurent voler vers le ciel lui-même, pour se moquer aussi des anges et de Notre-Seigneur. Plus ils volaient haut avec le miroir, plus ils ricanaient. C'est à peine s'ils pouvaient le tenir et ils volaient de plus en plus haut, de plus en plus près de Dieu et des anges, alors le miroir se mit à trembler si fort dans leurs mains qu'il leur échappa et tomba dans une chute vertigineuse sur la terre où il se brisa en mille morceaux, que dis-je, en des millions, des milliards, des milliards de milliards de morceaux, et alors, ce miroir devint encore plus dangereux qu'auparavant. Les morceaux n'étant pas plus grands qu'un grain de sable voltigeaient à travers le monde et si par malheur quelqu'un les recevait dans l'œil, le pauvre accidenté voyait les choses tout de travers ou bien ne voyait que ce qu'il y avait de mauvais en chaque chose, le plus petit morceau du miroir ayant conservé le même pouvoir que le miroir tout entier. Quelques personnes eurent même la malchance qu'un petit éclat leur sautât dans le cœur et, alors, c'était affreux : leur cœur devenait un bloc de glace. D'autres morceaux étaient, au contraire, si grands qu'on les employait pour faire des vitres, et il n'était pas bon dans ce cas de regarder ses amis à travers elles. D'autres petits bouts servirent à faire des lunettes, alors tout allait encore plus mal. Si quelqu'un les mettait pour bien voir et juger d'une chose en toute équité, le Malin riait à s'en faire éclater le ventre, ce qui le chatouillait agréablement.
Mais ce n'était pas fini comme ça. Dans l'air volaient encore quelques parcelles du miroir !
Ecoutez plutôt. – ceci va être l’autre histoire. Ce n’était qu’un prologue, un préambule, un début, rien de plus.

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