vendredi 10 septembre 2010

portraits

Venise, 1949, cigare long aux lèvres, il refait son nœud de cravate devant une porte miroir. On le voit de profil et de face dans le reflet. On ne voit pas son œil droit, caché par le chambranle de la porte. Son œil droit qu’il a perdu deux ans auparavant dans un accident de voiture dans lequel sa femme est morte. Il mourra en 1970 d’une crise cardiaque pendant que sa seconde femme est allée faire des courses. Il vivait que pour ce qu’il voyait et pour le son des mots.

Paris, septembre 2003, il se tient immobile, mains dans les poches, regard fixe, sérieux et décidé. Il se souvient sans doute de ses deux années passées à Paris au milieu des années 70. Il a arrêté de boire du whisky il y a cinq jours, pour effacer en lui toute trace de postmodernisme.

Mexique, 2000, main gauche dans la poche, la droite tient une cigarette. Il fait beau. Le nouveau grand écrivain français est mexicain.

Par lui-même en 1985 : jeux avec les reflets, caché derrière l’objectif. Les vitres sont des miroirs. Il se cache, ne s’en cache pas.

Trieste, 2003, dans un café, forcément. Grand sourire pendant qu’il classe des papiers. Là aussi, il est double, doublé, par le grand miroir derrière lui : sur la droite. Qui est le reflet de qui ? Chaque expérience nécessite une nouvelle voix.

Paris, décembre 2002, fume-cigarettes, Ray-ban, casquette, manteau en cashmere, foulard de soie. Il rêve d’une bombe qui ferait disparaître le culte d’Elvis. Une bombe à Graceland.

Londres, décembre 2002, sur les toits, pieds croisés, mains dans les poches, chemise bleue. Le monde est la mélancolie.

2 commentaires:

gwendoline a dit…

ça donne envie de faire des photos.

Anonyme a dit…

ça donne envie de lire des photos.