lundi 2 août 2010

du bout des lèvres


On ne peut suspendre la mort, la surprendre, oui, peut-être, mais du bout des lèvres. Ne rien espérer avec la mort, pas la suspendre, peut-être la surprendre, du bout des lèvres, encore moins la prendre, quant à la pendre, autant ne pas y penser : passons.


Tout est affaire de bout des lèvres : toucher du bout des lèvres – délicatement, très doucement, du bout des lèvres.


Il ne peut être question que du bout des lèvres, que des lèvres bout à bout, mises à bout.


(et tu me diras, encore, du bout des lèvres que tu m’aimes)


Même Schéhérazade, même Far-li-mas, aussi doués soient-ils, ne suspendent pas la mort : ils la repoussent à demain. Ils la repoussent du bout des lèvres, pas des deux mains. La mort est légère et le bout des lèvres est suffisant. La mort est délicate et elle pourrait se froisser, si elle était touchée des deux mains. Pas besoin des deux mains pour repousser la mort à demain : juste le bout des lèvres. Mais repousser n’est pas suspendre, le bout des lèvres n’est pas une corde, et le bout des lèvres ne peut que repousser, qu’éloigner, pas suspendre. Le bout des lèvres c’est la délicatesse et la douceur, des histoires racontées, de baisers donnés.


(et tu me diras, encore, du bout des lèvres que tu m’aimes)


Et tu me diras encore des histoires.


Et chaque baiser est une histoire que nous nous racontons, et chaque baiser repousse la mort du bout des lèvres, à demain.

Aucun commentaire: