Dans la famille de Simon, on avait assez peu lu, mais on avait beaucoup bu.
Si Simon avait décidé de raconter l’histoire de sa famille cela aurait ressemblé à du Zola : successions d’échecs liés à l’alcool. Lors des repas de famille, les bouteilles de vin défilaient plus sérieusement que les armées sous l’Arc de Triomphe un 14 juillet ; et les gerbes déposées le soir n’étaient pas destinées au Soldat Inconnu. Simon se souvenait de ces soirées épiques, où tout le monde allait au fond du jardin pour vomir, où chacun vidait plus de bouteilles de bière qu’il n’est possible d’imaginer, même dans les pires féeries. Simon, au bout de la table, voyait devant lui des morts à crédit, en sursis de la note à payer. Ce fut le déchaînement quand l’arrière grand-mère mourut. Tout le monde se retenait devant elle, pour ne pas la tenter, pour ne pas l’inciter à trop boire, mais comme elle n’était plus là, la cave pouvait enfin être vidée. Ce qui fut fait… Il ne manquait que la grand mère de Simon, dont plus personne n’avait de nouvelles depuis bien longtemps. Sa sœur, la femme de Charlot, dit même qu’elle était peut être morte. Ce qui fit rire tout le monde, et à cette pensée si triste, on resservit à boire.
En effet, elle était morte, six mois plus tôt dans un hospice, pour anciens alcooliques. Seule. Et la nouvelle de sa mort mit huit mois à arriver à ses enfants…
1 commentaire:
J'aimerais que tu précises ce que tu entends exactement par "pire féérie".
Une dégoulinade de rose bonbon avec des princesses-poney à longues crinières mauves-dauphins adorables ?
Ou un conte gothique SM avec Obéron et Titania en body de latex ?
A moins que c ene soit le programme d'un candidat UMP aux présidentielles.
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