Ce n'est que plus tard, bien plus tard, qu'il comprend. Qu'il comprend où il a fait une erreur. Au tout début. Quand cette fille lui a proposé le fil. Il aurait dû l'accepter. Il serait parti avec la fille, cette fille insipide, aux petits seins et à l'air pleurnichard. Il revoit maintenant clairement son visage, fade. Peut-être que si elle avait été plus jolie il l'aurait prise sa bobine. Mais elle était vraiment moche. Pourquoi les dieux, s'ils lui avaient donné une aide, lui avaient-ils proposé une gamine si laide, si insipide, si insignifiante ? Il aurait dû partir avec elle, quitte à l'abandonner sur une île plus tard sur le chemin du retour. Puis il aurait oublié de changer la voile, et son père se serait jeté du haut de la falaise, de tristesse et de chagrin. Voilà une histoire tragique qui aurait pu inspirer les auteurs. Voilà comment on devient un héros ; en semant le malheur et pas le bonheur. Être un héros, c'est faire des erreurs.
Il n'avait été qu'une machine à tuer et à baiser. Et encore. Le Minotaure n'était rien qu'un enfant monstrueux, un gamin à grosse tête. Un petit corps, une grosse tête toute biscornue. Pas un monstre terrifiant comme on le décrivait. Mais une erreur de la nature rejetée par ses parents qui ne pouvant l'assumer inventèrent une histoire de relation contre-nature et préférèrent enfermer l'enfant plutôt que de l'aimer. Eh quoi, que pouvait-il faire ? Prendre l'enfant dans ses bras et l'emmener au-dehors, le montrer à la foule et faire un long discours sur la tolérance, le respect, l'Autre. Cela avait été facile de le tuer. Un coup d'épée. Il ne s'était même pas battu. Les dieux avaient dû bien rire. Le sifflement de sa lame était le rire des dieux. Tuer un gamin hydrocéphale, c'était son acte de gloire. Vraiment pas de quoi être fier.
Tout cela n'avait été qu'une immense blague, un énorme éclat de rire au visage des légendes...Il n'aurait pas dû vouloir inspirer une tragédie, mais l'imiter...
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