C’était à Tokyo, vers six heures du matin. Sur la quai de la gare de Shinjuku, la Yamanote était prête à partir.
Des gens montaient, on se gênait ; on s’engouffrait.
Enfin le train partit.
Un jeune homme de 20 ans, cheveux longs, avait un livre dans la main gauche, de la main droite tenait la barre, et se laissait doucement porter par le rythme quasi-marin de la marche du train.
Il s’en retournait chez lui, après une nuit blanche. C’est grâce à un important héritage qu’il était ici. Il avait laissé ses études de droit, avait quitté la France et passait ses vacances, ici.
Chacun prenait sa place dans la voiture du train, chacun se posait, se calait pour se laisser aller, dormir aussi.
Il pensait à sa chambre qu’il allait bientôt rejoindre. Son lit dans lequel il allait se blottir.
A côté de lui, un robuste japonais, une quarantaine d’années, cheveux noirs et raides.
On ne se parlait pas. Personne ne parlait. Un lourd silence emplissait la voiture.
Une nouvelle station. On descendait, on montait.
Ce fut comme une apparition.
Il hésita à s’asseoir, laissa la place libérée. Il voulait continuer à la regarder.
Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler ses manœuvres.
Et il se planta tout à côté d’elle.
Jamais il n’avait vu une telle splendeur : peau blanche, séduction de la taille, finesse des doigts ; il en était tout électrisé.
Qui était–elle ?
A son poignet une chainette d’or, très fine, très délicate.
Elle ressemblait à un rêve.
Il l’aimait.
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