mercredi 29 avril 2009

recommande la lecture




quatrième de couverture :

"Ils lisent des textes, les rassemblent, les éditent, les commentent, les transmettent aux générations futures, produisent à leur tour d'autres textes : ce sont les lettrés, apparus parmi nous voici déjà quelques millénaires. Voués à l'écrit, ils forment le socle d'une civilisation, en garantissent la continuité, mais participent aussi à sa contestation. Le plus souvent invisibles ou méconnus, ils composent une communauté secrète, reliée à travers les temps et les lieux par des rites partagés, des habitudes analogues, des affinités mystérieuses.

Qui sont-ils ? Comment vivent-ils ? Où habitent-ils ? Que mangent-ils ? À quelles amours s'adonnent-ils ? Comment naissent-ils et meurent-ils ? À toutes ces questions et à bien d'autres, ce livre apporte des réponses précises et concrètes. Il peut se lire comme la description d'un mythe fondateur des civilisations à écriture, de Confucius à Barthes, en passant par Cicéron, Pétrarque et Freud. Mais peut-être vaut-il mieux le prendre comme une invitation à se détacher de l'existence ordinaire, pour entrer dans un autre rapport au monde et au temps. C'est un manuel de savoir-vivre. Ou de savoir-livre."

dimanche 26 avril 2009

la ballade de Simon et de la princesse -I-

LA BALLADE DE SIMON ET DE LA PRINCESSE

I

Simon regardait tomber les anges,
Depuis que Clarisse était partie,
Simon passait ses journées à regarder tomber les anges,
Depuis qu’elle était partie,
Simon, matin et soir, regardait tomber les anges.

Il lisait Pessoa et écoutait des chansons tristes,
Il regardait tomber les anges,
Du matin au soir, en écoutant des espèces de romance,
Des airs idiots qui emplissent le cœur d’une légère mélancolie,
Simon lisait Pessoa et écoutait des chansons tristes.

II

La princesse dans la haute tour, très haute tour,
La princesse, une vraie princesse,
Ecrivait des poèmes, des petits poèmes :
« Dans tes rêves, je passe
Tendrement je t’embrasse,
Et jamais je m’en lasse. »

Ou bien :

« Mon cher amour en or
Mon corps contre ton corps
Longtemps après l’aurore »

Elle attendait son prince, elle voulait qu’il l’emmène.

dimanche 19 avril 2009

we can be heroes


J.G. Ballard
(1930-2009)

Sais-tu...

Sais-tu ce que nous faisons de nos amours ?
Des livres.
Que nous rangeons ensuite dans les bibliothèques
Ou que nous laissons
Trainer négligemment sur le sol de nos demeures.

dimanche 12 avril 2009

les tueurs - II

Il ouvre la porte d’entrée ; une balle dans la tête. Sa femme apparaît, s’approche ; Une balle dans la tête à elle aussi.

Il ouvre son volet, à travers la vitre tu vois très bien son visage ; une balle dans la tête.

Il sort la voiture du garage, lentement, à travers le pare-brise ; une balle dans la tête.

Tu aperçois sa silhouette qui va et vient, tu t’appliques, tu anticipes ; une balle dans la tête.

Il est dans son lit, le réveil sonne, tu sursautes, tu ne t’y attendais pas, tu te reprends ; une balle dans la tête.

Il est dans la cuisine, il se penche dans son frigidaire, tu n’hésites pas ; une balle dans la tête.

Il vient de rentrer dans la salle de bain, il se regarde dans la glace, il pourrait t’apercevoir, tu vas vite ; une balle dans la tête.

Il est dans la cabine de douche, il va sortir, tu l’attends ; une balle dans la tête.

Il sort les poubelles, encore en pyjama, il ne pense à rien, tu ne le laisses pas penser ; une balle dans la tête.

Il s’arrête, il hésite, cherche quelque chose dans sa poche, se retourne, te voit, tu lui souris ; une balle dans la tête.

Il est dans son garage, en train de trier vis et clous, tu passes par derrière ; une balle dans la tête.

Il s’arrête, se penche, refait son lacet, tu passes à sa hauteur ; une balle dans la tête.

samedi 11 avril 2009

les tueurs

1

Charger l’arme.
Pas la première fois
Que tu le fais,
Mais à chaque fois,
Oui chaque fois,
Tu as un peu peur,
Main tremblante,
Tu te demandes si tu vas y arriver.

Y arriveras-tu ?
Et si tu n’y arrives pas ?
Que va-t-il se passer ?
Il le faut,
Y arriver, pas le choix.
Tu sais que si tu ne tues pas,
Tu es mort.


2

Regarder dans le viseur
Placer l’œil dans le viseur
Et regarder la cible mouvante
Ne pas s’en émouvoir – jamais
L’émotion n’est pas bonne conseillère
Ne pas se laisser conseiller par l’émotion
Regarder dans le viseur
Prendre son temps
On a le temps, toujours le temps
La mort est patiente
Il faut être patient avec la mort
Toujours
Ne pas se laisser faire et avoir par l’émotion
Et la précipitation.


3

Arriver à pas de loup
Derrière la cible
Placer l’arme au niveau de la tête
Ne pas hésiter
Et tirer.


4

Ce fut la première fois
Que ce fut dur
La deuxième aussi
Peut être
Mais ensuite
Ça roule
On s’y fait
De coller des balles dans la tête.

jeudi 9 avril 2009

morts - série 3

7

Tu sors la voiture du garage,
Tu allumes l’autoradio, glisses un cd,
Tu mets le frein à main,
Tu dois refermer la porte du garage.

Tu te diriges bien tranquillement,
Le moteur tourne toujours
Tu lèves le bras pour fermer la porte du garage,
PAN ! Une balle dans la tête, tu t’agrippes, et tu fermes finalement la porte du garage.

8

Ta femme accourt, elle t’a entendu tomber,
Elle est au bout du couloir,
Elle te voit écroulé sur le perron, le corps sans vie,
La tête éclatée, le sang sur le paillasson.

Elle ouvre la bouche,
Aucun son ne sort, elle avance, elle ne pleure pas,
Elle s’approche de toi, de la porte ouverte,
PAN ! Une balle dans la tête, elle s’écroule à tes côtés.

9

Tu prends une douche, l’eau est très chaude,
Tu es légèrement en retard, mais ce n’est pas grave,
Tu veux prendre ton temps, ce matin,
Pas envie de te presser, vraiment pas envie.

La cabine de douche est pleine de buée,
Il y fait chaud, il y fait bon,
Tu ouvres la porte ; tiens qui est- ce ?
Pan ! Une balle dans la tête, ton corps est projeté en arrière.

mercredi 8 avril 2009

morts - série 2

4

Tu es dans ton garage, tu veux trier vis et clous,
Tu disposes plusieurs boîtes plastique pour y poser
Vis et clous que tu veux trier, ce matin,
Tu les disposes sur l’établi, en gestes lents, précis.

Et une vis ici, et un clou là, tu les déposes une à une,
Tu tries vis et clous, ce matin, et tu les déposes dans des boîtes plastiques,
En gestes lents et sûrs, en gestes précis,
PAN ! Une balle dans la tête, tu t’écroules, le tri est à refaire.

5

Tu es dans la cuisine, tu termines de faire la vaisselle,
Tu jettes dans la poubelle quelques restes,
Tiens, elle est pleine, la vider, alors,
Tu sors le sac plastique, 50 litres, et tu le noues.

Tu prends un autre sac sous l’évier, et tu le mets à la place,
Tu prends l’ancien, et tu vas le mettre dehors,
C’est aujourd’hui que passe le camion-poubelles,
PAN ! Une balle dans la tête, et le sac s’éventre, sous ton poids.


6

Tu es prêt à partir, petit-déjeuner, douche,
Tu vérifies une fois encore si tu n’as rien oublié,
Tu prends ta sacoche et tu l’ouvres, les dossiers sont là,
Tu es prêt à partir, à aller travailler.

Dans le couloir, le miroir, tu vérifies le nœud de ta cravate,
Jolie cravate, tu l’aimes bien, tu en es content,
Tu ouvres la porte, il fait beau,
PAN ! Une balle dans la tête, et tu t’affaisses sur le paillasson « essuyez vos pieds »

lundi 6 avril 2009

"tu es amoureuse"

Tu es amoureuse et tu écoutes en boucle la même chanson. La chanson sur laquelle tu l’as embrassé la première fois, la chanson sur laquelle tu l’as embrassé le plus longtemps, toute la durée de la chanson. La chanson sur laquelle tu le serras la première fois. La chanson sur laquelle tu le serras le plus longtemps, toute la durée de la chanson.

Tu es amoureuse et tu écoutes en boucle Friday I’m in love, Just like heaven, Modern Love, …

Les chansons d’amour sont des chansons d’amour.

Tu es amoureuse et tu sais que même quand tu ne seras plus amoureuse, si cela arrive, tu ne pourras t’empêcher d’avoir un pincement au coeur en réécoutant la chanson sur laquelle tu l’as embrassé la première fois, sur laquelle tu l’as embrassé le plus longtemps, toute la durée de la chanson ; sur laquelle tu l’as serré la première fois, sur laquelle tu l’as serré si longtemps, toute la durée de la chanson.

Tu es amoureuse et tu sais que quand tu ne seras plus amoureuse, si cela arrive, tu ne pourras t’empêcher, en écoutant Friday I’m in love, Just like heaven, Modern Love, … de repenser à toute ton histoire d’amour pour lui, qui , parce que tu étais amoureuse, était la plus belle…

samedi 4 avril 2009

"tokyo est un village"

« Tokyo est un village », on le dit, on le répète. Parce que c’est vrai. Pour se rassurer aussi. Pour ne pas se sentir asphyxié par la si grande ville, qu’est Tokyo. On dit alors « Tokyo est un village ». On le dit, on le répète. Et c’est vrai. Car Tokyo, ce n’est pas seulement les tours, les buildings, les gratte-ciels ; c’est aussi un jardin. « Tokyo est un jardin », on le dit, on le répète. Parce que c’est vrai. Je ne me suis jamais autant couché, endormi sur l’herbe qu’à Tokyo. Car « Tokyo est un jardin », on le dit avec raison, on le répète. Je n’ai jamais autant enlacé sans m’en lasser qu’à Tokyo, dans l’herbe, dans les jardins, sous les arbres, les cerisiers, en fleurs ou non, car « Tokyo est un jardin », on le dit, on le répète, et c’est vrai. Et cette princesse aux petits seins, comme j’aime l’embrasser, l’enlacer, la serrer, dans les jardins de Tokyo, à Tokyo….